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Les blasons des métiers et corporations #05 - la série 1306 des cartes postales des éditions Barré et Dayez

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 E   lles sont bien connues des passionnés d'héraldique surtout s'ils cumulent cette passion avec la fréquentation des bouquinistes, marchands ou collectionneurs d'objets anciens.  L'éditeur parisien de cartes postales illustrées Barré et Dayez s'est fait une réputation depuis 1925 par la qualité et la beauté de ses réalisations en lithographie et en couleurs. Elles sont facilement reconnaissables grâce au logo de l’éditeur : les lettres BD entrelacées dans un rectangle, au bas du verso qui comporte également un numéro de série suivi d'une lettre. La maison Barré-Dayez a édité de nombreuses séries thématiques : plats régionaux, les petits métiers, les villes, les blasons, la chasse à courre, les moulins à vent, les coiffes régionales, les costumes de nos provinces, les cartes géographiques, les mots historiques, les fables de La Fontaine, les mois de l'année, etc… La fabrication s’arrête au début des années '1970. 
   Dans les années '1940/'1960, plusieurs séries de cartes postales héraldiques sont sorties de leur imprimerie et ont fait la joie des collectionneurs, dont je fais partie. Outre les blasons des Provinces françaises, belges, et un grand nombre de villes françaises, les plus recherchés, c'est une suite plus confidentielle, celle référencée par l'éditeur avec le n°de série 1306 que je vous présente ici. Il s'agit d'un jeu complet de 25 cartes illustrées avec des blasons de métiers et corporationsconstituées à Paris jusqu'à leur dissolution sous la Révolution.
  Les dessins originaux qui ont servi de modèles aux illustrateurs sont recensés et visibles dans l'Armorial Général de France établi par Charles-René d'Hozier, juge d'armes et généalogiste du roi Louis XIV, qui l'a réalisé, à la suite de l'Édit de 1696. 
 Si vous êtes attentifs, vous remarquerez qu'en dessous de l'écu principal, plusieurs petits écus sont placés dans un faux désordre: ils complètent le sujet en représentant des corporations de métiers de même nature, et leurs dessins sont également connus dans l'Armorial Général de France. Enfin, un modèle decachet de cire rouge portant un sceau, plus discret, placé à droite est lui aussi en rapport avec le sujet. 


1306 A - corporation des Rôtisseurs

1306 B - corporation des Boulangers

1306 C - corporation des Horlogers

1306 D - corporation des Menuisiers

1306 E - corporation des Pâtissiers

1306 F - corporation des Drapiers

1306 G - corporation des Bonnetiers

1306 H - corporation des Papetiers et des Cartonniers

1306 J - corporation des Peintres et des Sculpteurs

1306 K - corporation des Chirurgiens et des Barbiers

1306 L - corporation des Traiteurs et des Hôteliers

1306 M - corporation des Médecins

1306 N - corporation des Poissonniers

1306 O - corporation des Bouchers

1306 P - corporation des Cordonniers

1306 Q - corporation des Jardiniers

1306 R - corporation des Tailleurs

1306 S - corporation des Vignerons

1306 T - corporation des Chapeliers

1306 U - corporation des Merciers

1306 V - corporation des Imprimeurs et des Libraires

1306 W - corporation des Épiciers, des Confiseurs et des Apothicaires

1306 X - corporation des Orfèvres

1306 Y - corporation des Serruriers

1306 Z - corporation des Charcutiers




Pour admirer quelques autres réalisations de la maison d'édition Barré et Dayez voici quelques sites de passionnés :
  • Passion Barré Dayez → ICI
  • Heraldry of the World (en anglais) → ICI

 et vous pouvez aussi les acheter ou les échanger grâce, en particulier, au site d'enchères spécialisé Delcampe, sur lequel je me suis d'ailleurs reposé pour réaliser ce sujet → ICI

Je vous invite à revoir un de anciens sujets → ICI afin de compléter l'exploration des temps anciens, avec des métiers disparus aux noms étranges !


Les dessins originaux des armoiries dans l'Armorial Général de France, sont disponibles sur Gallica (BNF), Généralité de Paris, volume IICI  et  volume II → ICI
(vous pouvez vous amuser à les retrouver avec la table des matières de chaque volume, à la lettre P, sous le nom de :  Paris (de) les Rôtisseurs, etc ...)




                            Herald Dick

Argentine : ses divisions administratives, ses blasons et emblèmes - 1ère partie : el Norte Grande Argentino

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    Encore un fois, cette année, le passage du Rallye automobile du Dakar dans cette partie du Monde est pour moi l'occasion de compléter mes fiches "pays" que vous pouvez consulter dans l'onglet ci-dessus "Emblèmes pays". C'est une opportunité pour approfondir un peu la découverte de cet immense pays qu'est l'Argentine, et à travers ses principaux emblèmes territoriaux, évoquer un peu de son histoire, de sa culture, de sa géographie et de ses ressources.

 Les frontières terrestres de l'Argentine s'étendent sur un total de 9 394 km.
  •     5 150 km avec le Chili
    drapeau, armoiries et localisation
    de l'Argentine
  •     1 699 km avec le Paraguay
  •     1 224 km avec le Brésil
  •        742 km avec la Bolivie
  •        579 km avec l'Uruguay

  La République argentine est un état fédéral, conformément à la Constitution de 1853, révisée en 1994. Elle est composée de 23 provinces autonomes et d'un district fédéral (la capitale : Buenos Aires).

   Les provinces forment plusieurs régions géographiques (voir carte ci-dessous), mais celles-ci n'ont pas de pouvoir ni de fonction administrative.
   Par contre, depuis 1999, elles sont regroupées en quatre grandes Régions Intégrées, auxquelles il faut rajouter une cinquième unité économique : la Province autonome de Buenos Aires et la Ville autonome de Buenos Aires. Ces entités ont un rôle réel de décideurs dans le développement économique et social du pays. C'est ce découpage que j'ai pris comme modèle de référence à mes sujets.

les six régions géographiques de l'Argentine


  En dehors du district fédéral, les provinces (provincias) sont elles-mêmes divisées en départements (departamentos ou partidos dans la province de Buenos Aires), eux-mêmes subdivisés en municipalités (municipios) ou communes (comunas). On pourra également trouver les termes de ciudades (villes) et barrios (quartiers)


   La majorité des provinces du centre et du nord du pays sont chronologiquement antérieures à l'existence de l'Argentine en tant qu'État national. Cependant des provinces avec une grande présence aborigène ou à faible population comme La Pampa, Chaco, Formosa, Misiones, Neuquén, Rio Negro, Chubut, Santa Cruz, la Terre de Feu, l'Antarctique et lesîles de l'Atlantique sudétaient à une époque des territoires nationaux dépendant du gouvernement fédéral. En devenant des provinces, elle ont acquit le même statut administratif que celles qui existaient déjà.

 Les derniers territoires à changer de statut furent la Terre de Feu, l'Antarctique et les îles de l'Atlantique sud qui devinrent une province en 1991.

Pour ce sujet, et comme je l'ai déjà fait pour d'autres pays : je limiterai l'exploration aux armoiries et drapeaux des provinces ainsi que les armoiries de la capitale. Dans certains cas, un petit historique de ces emblèmes sera utile lorsqu'il ont subi des changements notables au cours de l'histoire du pays. 

  En toute logique, je vais débuter par les 9 provinces du Nord du pays, parmi lesquelles figurent les plus anciennes à avoir constituer les bases de l'État fédéral, nommé "Confédération argentine" au milieu du XIXe siècle. Sur la carte suivante figurent ces provinces, en couleur rose pastel, repérées par les chiffres de 1 à 9, ainsi que les capitales de chacune d'entre elles en toutes lettres, qui seront détaillées plus bas.


  Comme pour beaucoup de pays d'Amérique latine, en terme d'armoiries territoriales, les règles de base de l'héraldique sont assez mal respectées. L'observation du "cheptel" national des emblèmes montre beaucoup de formes d'écus hétéroclites, avec tout de même une majorité de boucliers ovales, ou plus exactement elliptiques, qui sont un peu la marque de fabrique de l'Argentine, en commençant par les armes nationales (voir → ). 

  Si les emblèmes provinciaux montrent davantage de rigueur dans l'association des couleurs, des compositions, des partitions et figures de l'héraldique, la grande majorité des blasons territoriaux est beaucoup plus anarchique, disparate et éloignée des principes traditionnels. L'ensemble présente souvent un graphisme réaliste, pictural, à la limite de la bande dessinée avec ses cases coloriées. On arrive parfois à des choses très chargées avec tant de détails qu'on a du mal à les inventorier tous et à leur restituer leur symbolique. On est en fait plus près du logotype, la plupart du temps. Or, en héraldique, la simplicité est une des règles fondamentale pour une bonne lisibilité du blason. Néanmoins ces emblèmes ne sont pas dénués d'intérêt et ils ont souvent une histoire à raconter, insoupçonnée et bien entendu passionnante. 
 Pour les drapeaux, même si la discipline est moins stricte, on arrive au même constat : pas de normalisation des dimensions, avec des proportions multiples, voire carrément extravagantes, certaines provinces arborant même un drapeau dont la plus grande dimension est verticale !  Les présenter ensemble et obtenir une certaine harmonie devient mission impossible ...


Province n° 1 : Catamarca

armoiries de la province de Catamarca


drapeau de la province de Catamarca (depuis le 25 août 2011)
  C'est la dernière province à s'être dotée d'un drapeau d'État provincial officiel. Les couleurs et les meubles sont inspirés par ceux du blason et d'ailleurs sa configuration tient davantage de l'héraldique que de la vexillologie.

 Les armoiries actuelles ont été officialisées par une loi en 1922. Elle se composent d'un grand écu français de gueules, dans lequel s'inscrit un écu elliptique reprenant le blason historique de l'Argentine (voir tout en haut); il est cantonné dans chaque coin, par une croix latine et deux flèches indigènes d'argent (christianisation des populations), une grappe de raisin au naturel (traditions agricoles), une tour d'or et une couronne du même métal (références à l'ancien colonisateur espagnol, à l'histoire et à l'autonomie de la province). En timbre nous retrouvons une constante: le soleil d'or Inti se levant (naissant), provenant de la culture des Incas. Et l'écu est soutenu par quatre drapeaux nationaux et des branches de lauriers de sinople.
emblème de la capitale :
 San Fernando del Valle de Catamarca
Leslettres majusculesSF  sont les initiales de San Fernando;
  le nomde la ville complet encadre l'écu à l'extérieur.
  Lesgrappes de la vigneet la fleur de coton sont les principales richesses agricoles.
 Le poignardpointe en haut et le croissant de lune rendent hommage
 aunom du fondateur espagnol de la ville : Fernando Mendoza Mate de Luna.
Les troismontagnessymbolisent le paysage environnant.
Lacouronne royaleatteste de son statut de ville en 1683.


Pour lire la suite , cliquer sur le lien ci-dessous :





Province n° 2 : Tucumán


armoiries de la province de Tucuman


drapeau de la province de Tucumán  (depuis le 13 avril 2010)

  La législature de l'État provincial a choisi de rétablir le drapeau initialement conçu en 1812 par le Général Manuel Belgrano, héros de l'indépendance. Ce drapeau précurseur, avec les bandes de couleurs inversées par rapport au drapeau national définitif, ciel et blanc, est appelé par les argentins : "la Bandera de Macha" (le drapeau de Macha, du nom d'une localité en Bolivie où on l'a retrouvé en 1885, caché là depuis 1812, donc pendant 73 ans ! ).

  Les armoiries, comme le drapeau, trouvent leur origine dans les premiers emblèmes de la déclaration d'Indépendance (1816) et sont pratiquement identiques à celles de l'Argentine (voir tout en haut), le Soleil de Mai naissant en moins !
emblème de la capitale : San Miguel de Tucumán
en date du 9 juillet 1816, l'assemblée de Tucumán a lu l'acte d'indépendance 
de la province dans ce lieu représenté par la façade de la 
Maison de l'Indépendance (photo ci_dessous). Lechamp d'argentest le symbole
 de la vérité, la pureté et la paix. Labordurebleuciel correspond auxcouleurs
 du drapeaunational etreprésente la justice.Les13étoiles représentent 
les13provincesqui ont envoyé leursreprésentantsau Congrèsde Tucumán 
 etqui étaientTucuman, BuenosAires, Charcas, Mizque, ChichasMendoza
SanJuan, La Rioja , Catamarca,Santiago, Salta, Jujuy etCórdoba.
l'écu est timbré du Soleil de Mai et soutenu par les branches de laurier. 

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Histoire de la Province de Tucumán

premier drapeau du Gouvernement de la province de
 Tucuman en 1814
drapeau de la République fédérale de Tucuman 1820-1821

sceau de la République de Tucuman en 1820,  et armoiries modifiées en 1840
drapeau de la province,  en service de 1995 à 2008,
 inspiré par le drapeau de 1814 et la déclaration d'indépendance de 1816



Province n° 3 : Santiago del Estero

armoiries de la province de
 Santiago del Estero


drapeau de la province de Santiago del Estero
  (depuis le 30 septembre 1985)
Le drapeau se remarque et se démarque des autres par un ratio peu habituel de 2:5 . Il reprend les couleurs et les symboles du blason.

  Les armoiries actuelles ont été adoptées en 1985, elles se démarquent de l'ancien blason (plus bas) par l'abandon des bras de la foi et du bonnet phrygien, remplacés par une étoile de gueules marquant le statut d'état fédéral , chargée du Soleil de Mai d'or, lui-même chargé d'une croix de l'Ordre de Saint-Jacques de l'Épée (ancien ordre militaire et religieux espagnol et portugais), et deux burelles ondées en pointe. Saint Jacques est le saint patron de la province et lui donné son nom (Santiago en espagnol).
  La forme de l'écu est appelée "normand" par les argentins (el broquel normando), car en forme de goutte d'eau inversée ou de pointe de flèche, comme l'était ceux des guerriers Normands de la tapisserie de Bayeux, par exemple, et avec deux fentes courbes dans la partie supérieure. Cette forme d'écu est une particularité typiquement argentine, mais nous en verrons d'autres !
armoiries de la capitale : Santiago del Estero
un écu espagnol de gueules à la champagne de sinople, 
au château à trois tours de pourpre, chargé d'une tour d'or,
 les deux maçonnés, ajourés et ouverts de sable, accompagné de 
trois coquilles d'or mal ordonnées, soutenu par une plaine ondée 
d'azur chargée de deux faces d'argent ondées. 
Timbré d'une couronne royale ouverte.

ce blason a été concédé par le Roi d'Espagne en  1577
le dessin ci-dessus date des XVIIe ou XVIIIe s.


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Histoire de la Province de Santiago del Estero

précédent blason datant de 1915




Province n° 4 : Salta

armoiries de la province de Salta (1946)
drapeau de la province de Salta (depuis le 14 juin 1997)

le poncho de Salta
Le drapeau sélectionné
parmi les résultats d'un concours porte les couleurs du poncho traditionnel des gauchos de la Salta y compris les deux bandes noires, et au centre : l'écu des armes de la province entouré de 23 molettes d'éperons d'or, un pour chaque département de la province. A noter les proportions inhabituelles du drapeau qui est à peu près de 11:15 au lieu de 1:2 ou 2:3 parmi les plus courants.

Les armoiries comportent un écu elliptique d'azur chargé d'une étoile à six branches d'argent, symbolisant la lutte pour l'indépendance et l'autonomie de la province. Au centre, soudé : le soleil d'or des Incas "Inti" figuré. Le tout est est encadré de branches de laurier liées par un ruban aux couleurs nationales.


emblème de la capitale : Salta
un étrange paysage avec une rivière, une montagne, des arbres
un homme debout en habit de conquistador armé d'une épée 
et d'une hallebarde, avec à ses côtés un chien.
les deux derniers symbolisent la noblesse et la fidélité confirmées par
la devise en espagnol  qui se traduit par " Très Noble et Loyale ville de Salta".
Ces armes auraient été attribuées pendant le règne de Philippe II 
d'Espagne au XVIe siècle. L'interprétation actuelle date de 1934.
gravure du blason datée de 1788 montrant un indien face au conquistador
le menaçant avec un arc pointé sur lui et qui a été supprimé par la suite, 
mais qui permet de mieux comprendre la scène étrange de l'emblème actuel !

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Histoire de la Province de Salta

emblème de la province en 1849 avec une colonne ionique
et deux drapeaux : celui de l'Argentine à gauche et
celui de la Fédération rouge et blanc à droite




Province n° 5 : Jujuy
drapeau de la province de Jujuy 
 (depuis le 29 novembre 1994)



armoiries de la province de Jujuy (1834)

  Les armoiries de cette province peuvent être considérées comme inchangées depuis qu'a été établi
le sceau de l'Assemblée généraleconstituantede 1813. La forme de l'écu est appelée ici également "normand" par les héraldistes argentines, mais il est difficile de reconnaître cette forme dans ce bouclier très aplati. Deux quartefeuilles roses ornent l'extrémité des fentes courbes. Le bonnet phrygien est on le sait, une référence au mouvement des Jacobins de la Révolution française dont les valeurs ont inspiré les libérateurs argentins.

 Le drapeau est lui aussi historique, c'est celui que le général Manuel Belgrano a donné en 1813 à la ville de San Salvador de Jujuy après une présentation depuis le balcon du palais provincial (cabildo), devant la place où étaient réunis la troupe et la population. Ce drapeau est appelé par Belgrano : "La Bandera nacional de nuestra Libertad civil" qui se traduit par "le drapeau national de notre liberté civile". Le Gouvernement provincial actuel l'a tout naturellement adopté comme drapeau d'état officiel. Il a la particularité, avec celui de la province de Mendoza, de se présenter verticalement  puisque sa hauteur est supérieure à sa largeur (ratio 3:2), cas rarissime dans le monde des drapeaux territoriaux.



armoiries de la capitale :
 San Salvador de Jujuy
Le blason est formé d'un écu français d'or, chargé des armes
 provinciales et entouré d'une banderole aux couleurs nationales
 placée en bordure avec l'inscription de la devise de la capitale. 


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Histoire de la Province de Jujuy
armoiries de l'époque espagnole (XVIIe siècle) intitulées
 "Armes royales du saint Sauveur (San Salvador),
au titre de cette ville lors de sa fondation...".
le drapeau national original de la Liberté civile
(Bandera de la Libertad Civil) quele Général Belgrano
 a présenté au peuple au balcon du Cabildo de Jujuy  en 1812 ,
 conservé au Palais du Gouvernement provincial de Jujuy.
le sceau de l'Assemblée généraleconstituantede 1813, 
base de l'héraldique nationale argentine




Province n° 6 : Formosa

armoiries de la province de Formosa (1959)



drapeau de la province de Formosa (depuis le 15 mai 1991)

Le drapeau, aux couleurs nationales : ciel et blanc symbolise avec ce triangle la position de la province au cœur du continent sud-américain. La guirlande de feuille de laurier représente le Tropique du Capricorne qui traverse le territoire et les 9 étoiles d'or placée en cercle représente les 9 départements composant la Province. A noter les proportions inhabituelles du drapeau qui est de 6:11 au lieu de 1:2 ou 2:3 qui sont les plus courants.

Les armoiries sont composées d'un écu pentagonal (il y a huit côtés en réalité), coupé d'azur et d'argent, les couleurs nationales. Dans le premier quartier une fleur de coton tigée, au naturel, symbole d'unavenir productifet industriel , et neuf étoiles d'or disposées en arc de cercle. Dans le quartier inférieur, deux bras de carnation, mouvants des flancs, aux mains serrées ensemble, qui s'appelle une foi en héraldique. En timbre , un soleil stylisé naissant et brochant le bord inférieur deux branches de laurier stylisées de sinople.  source texte : http://www.formosa.gob.ar/

emblème de la capitale : Formosa
voici encore de curieuses "armoiries" pour une ville de cette importance ! 
de forme elliptiques, totalement incorrectes du point de vue 
héraldique, anachroniques aussi, elles datent de 1913 et à cette époque 
le chemin de fer à vapeur apportait le progrès et le désenclavement dans cette
 région consacrée à la production agricole représentée par cette gerbe liée de 
palmes et de branches d'olivier dans le bleu du ciel ou du fleuve
río Paraguay qui traverse la ville et marque la frontière avec... le Paraguay.



Province n° 7 : Chaco


armoiries de la province de Chaco





drapeau de la province de Chaco (depuis le 17 septembre 2007)
  C'est le premier drapeau à trois bandes verticales égales que nous rencontrons. Aux couleurs nationales ciel et blanc, qui symbolise aussi les rivières et la culture du coton, principale production, se rajoute un vert pastel très doux représentant les ressources agricoles et les forêts. Il a été choisi parmi 43 propositions d'un concours ouvert pour remplacer le précédent, peu apprécié (voir plus bas). Au centre dans la bande blanche, nous retrouvons le soleil de Mai, inévitable et une charrue antique appelée localement "mancera", entourée par un cercle de 25 étoiles représentant chaque département de la province, le tout d'or parfois bordé de marron.
charrue "mancera"à traction animale (chevaux ou bœufs)

  Les armoiries provinciales remontent à celles du territoire du Chaco en 1889,  bien avant qu'il ne devienne province à part entière en 1951. Elles sont basées sur l'emblème national sauf que la foi serrant la pique et le bonnet phrygien sont remplacée par un palmier, symbole du climat, une terrasse herbeuse et une charrue ancienne, symboles de l'agriculture et de l'industrie, le tout au naturel.
.



emblème de la capitale : Resistencia
les armoiries sont identiques à l'écu provincial, mais sans les ornements
 extérieurs ( le soleil et les branches de laurier), nous voyons ici une version 
"logotypée" pour les besoins de la municipalité comme l'indique l'inscription


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Histoire de la Province de Chaco


Le territoire du Chaco, élevé au statut de Province en 1951 se voit rebaptisé "Province du Président Perón",
du nom du Président de la République argentine en titre à l'époque:  Juan Perón, de 1946 à 1955.
 On donnera à la province un emblème basé sur celui du Parti politique péroniste (qui existe toujours )
 jusqu'à la révolution de 1955 où Perón sera renversé par un putsch militaire et le logo portant son portrait
supprimé et interdit. Juan Perón reviendra à la tête du pays plus tard en 1974 avec son épouse.

drapeau provincial (théorique) de 1990 à 2007, issu d'un concours,
lui aussi :  un bel objet artistique certes, comme peinture, il a été très
critiqué en tant que symbole provincial et n'a pratiquement jamais été utilisé



Province n° 8 : Corrientes


armoiries de la province de Corrientes




drapeau de la province de Corrientes (depuis le 24 décembre 1986)
  Crééinitialement le 24Décembre1821,par une loiconstitutionnelledu Congrès, le drapeau reprend lesmêmescouleurs que le futur drapeau national, mais différant toutefois par le rajout d'une "émanche" triangulaire bleue ciel empiétant sur la bande centrale du côté gauche, avec au centre lesarmoiries de la province. Plus tard,en 1986, pour le rétablissement officiel du drapeau provincial, a été ajoutéela devise qui signifie, traduite de l'espagnol : "Patrie - Liberté- Constitution."
 
  Les armoiries  provinciales sont là encore basée sur l'image du sceau de l'Assemblée généraleconstituante de 1813 (voir plus haut), mais des éléments ont été rajoutés en pointe: une croix latine de bois (tenné) issant d'un brasier d'or et de gueules, accostée de sept pointes d'or (ou de tenné), quatre à dextre, trois à senestre, mouvant du bord de l'écu. Ce symbole chrétien représente la Croix du Miracle (la Cruz del Milagro) et rappelle un évènement miraculeux qui s'est produit en 1588 à Corrientes. Selon les témoignages,à l'époque de la fondation de la colonie, desIndiensont tentéd'attaquerun fort espagnol, maisune croix de bois a mystérieusementréussi àleur sauver la vie. Ils ont aussi tenté par divers moyensde détruirelacroix miraculeuse, y compris par le feu, mais sans succès. La croix en bois d'urunday , une essence locale, était très résistante aux flammes ! De fait, les indigènes, impressionnés par le prodige, sont devenus plus amicaux.
  Les sept langues de terre représentent sept caps de terre avançant dans le fleuve Paraná.  source texte : http://www.corrientes.com.ar


emblème de la capitale : Corrientes
ce blason non héraldique montre à nouveau la Croix du Miracle
 issant des flammes, allusion aux évènements miraculeux de 1558
 cités plus haut, sur les flancs les sept pointes  dont la signification 
est détaillée plus haut. Les deux palmiers représentent la flore 
locale, au bord du large río Paraná dont on aperçoit l'autre rive.
 A noter que les deux capitales :  Corrientes et Resistencia se font
 face sur chacune des rives du fleuve faisant frontière.

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Histoire de la Province de Corrientes 

drapeau de la province de Corrientes de 1815 à 1820, 
dans la Ligue Fédérale ou Union des Peuples Libres, 
elle-même composante des Provinces-Unies du Río de la Plata
nouveau drapeau de Corrientes en 1821/1823 , basé sur les couleurs du drapeau national (drapeau de Belgrano)



sceau de Corrientes datant de 1825
Armoiries provinciales datées de 1920



Province n° 9 : Misiones 


armoiries de la province de Misiones
drapeau de la province de Misiones
(depuis le 12 février 1992)
  Ce drapeau aux couleurs très "slaves" ressemble au drapeau de la Russie, renversé, et davantage encore à celui de la Serbie ! mais évidemment il n'a rien à voir avec les slaves. Il découle d'un drapeau utilisé par la Ligue Fédérale, ou confédération des Peuples Libres, appelé le "drapeau d'Artigas". Le général Artigas est un des acteurs majeurs de l'indépendance de la nation argentine et de l'Uruguay.  Ce drapeau était lui-même basé sur le drapeau inventé par Manuel Belgrano (voir plus haut) officialisé à Tucuman en 1816, trois bandes horizontales : bleu ciel , blanc et bleu ciel, avec le rajout d'une bande diagonale rouge en travers. Ces couleurs : bleu, blanc et rouge, composées de différentes façons, ont donné de nombreux drapeaux dans les territoires de cette région de l'Amérique du Sud, depuis le début du XIXe siècle jusqu'à notre époque contemporaine pour celui de Misiones qui nous occupe.
Les chutes d'Iguazú  - ©  www.lateteailleurs.info
la yerba maté ( Ilex paraguariensis) est une plante qui
produit le maté, une boisson stimulante similaire au
 thé et au café, très consommée en Amérique du Sud.

     Les Les.armoiries de la province de Misiones, datant de 1959, sont formée d'un écu elliptique enserré entre deux parchemins roulés d'argent portant le nom de la Province et deux branches de yerba maté fruitées au naturel.
  L'écu est coupé, dans la partie supérieure : un ciel d'azur avec un soleil levant rayonnant d'or, décalé à senestre et surmonté en chef d'un arc en fasce avec une flèche en pal et deux cannes en sautoir, le tout entrelacé et de sable; dans la partie inférieure un paysage naturel représentant les célèbres chutes d'Iguazú , cette merveille naturelle située sur la frontière entre l'Argentine et le Brésil, inscrites sue la liste du Patrimoine mondial de l'Unesco. En pointe, la rivière Iguazú est figurée par des ondes d'azur et d'argent. L'arc et la flèche symbolisent les peuples autochtones de la forêt, et les cannes, les bâtons des missionnaires jésuites et de l'autorité civile des espagnols puis des argentins.


emblème de la capitale : Posadas
C'est à la base un écu français : un champ de gueules avec
 une orle partie d'azur et d'or, et une filière d'argent.
Et après... on sort du cadre de l'héraldique !
Un mur de grosses pierres maçonné, au naturel, coupé verticalement 
aux 3/4 de l'écu, soutenu par une fasce formée de vagues d'azur 
sur fond d'argent. Le murreprésente la Trinchera, un camp fortifié 
construiten 1833 par le paraguayen  Rodriguezde Francia 
 pour défendre la chapelle de la mission San José. Le Brésil était en conflit
avec les Provinces Unies à cette époque. La fasce représente le río Paraná.
La croix latine d'argent brochant en chef , avec la date de 1615 à dextre,
rappellent la fondation de la Mission des Jésuites à l'emplacement de la ville
 aujourd'hui, cette année-là. L'année 1870 à senestre est la date d'installation
 des autorités locales dans la Trinchera de San José,
 qui deviendra plus tard la ville de Posadas.


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Histoire de la Province de Misione

 le drapeau de la Ligue Fédérale (1815-1820)
appelé communément "drapeau d'Artigas"
le drapeau des provinces unies de Corrientes, Misiones et
 Montevideo (1815-1832)





Voilà pour cette première découverte, concernant des endroits qui sont parcourus depuis quelques années par les concurrents du Rallye Dakar. Il était important je pense de connaître ce pays attachant.

Je vous donne rendez-vous pour un second volet, avec sept nouvelles provinces du centre, à très bientôt →  


Crédits :
en passant votre souris sur les photos et quelques autres images vous pouvez avoir la référence de l'image, 
 si ce n'est pas le cas alors : 
les blasons ou les drapeaux sont empruntés essentiellement aux sites :
es.wikipedia.org/wiki
heraldicaargentina.com.ar
heraldicaargentina.blogspot.fr
 et quelques sites locaux : provinces ou municipalités
que je remercie chaleureusement...



                    Heral dico

Heraldique analogies #01 - Pique - Cœur - Carreau - Trèfle

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je vous propose une petite fantaisie mêlant symboles et figures héraldiques. Observez ces quatre premiers blasons qui sont absolument authentiques, la preuve est d'ailleurs visible à la fin du sujet... Ils vous parlent nécessairement.






évidemment vous avez reconnu en eux les symboles suivant, c'était facile !







Et voici la documentation, avec un petit subterfuge pour le premier blason, car le symbole du "pique" a pour origine la pointe d'une lance de guerre et pas du tout un soc de charrue. C'est la forme de la figure moderne qui a guidé mon choix.


"d’argent au soc de charrue de sable, la pointe dirigée vers le chef" 
le village de Beinheim - Armorial Général de France - Registre I - Généralité d'Alsace (1696-1711)
blason de droite : "d'argent diapré au cœur de gueules"
ville de Röhrnbach - Bavière (Allemagne) - album de vignettes Kaffee Hag (Allemagne, éditions de 1913 à 1939)
"d'argent à la losange de gueules"
Odet de Voisins, seigneur de Pommas - Armorial Général de France - Registre XV - Généralité de Languedoc vol. II (1696-1711)
"d'argent au trèfle de sable"
Jean Larrey, marchand bourgeois à Toulouse - Armorial Général de France - Registre XV - Généralité de Languedoc vol. II (1696-1711)





A bientôt ...




armoiries de la Corporation des Cartiers
 (éditeurs de cartes à jouer) de Rouen, Normandie
( Armorial Général de France )



l'Armorial de La Planche - 1669 - Gouvernement de Guyenne - Sénéchaussées du Haut-Limousin et du Bas-Limousin

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 S   uite de la visite du plus ancien manuscrit répertoriant des armoiries de villes et de villages de France, dessinées à la plume et peintes à l'aquarelle, antérieur de trois décennies  à l'Armorial Général de France de Charles d'Hozier !  Voir la description initiale : →

Nous poursuivons avec la découverte du Gouvernement Général de Guyenne. Nous l'avons abordé les dernières fois, il est composé de nombreux anciens duchés ou comtés rattachés les uns après les autres au royaume de France, le tout dernier étant le Béarn, acquis en 1620 par un Édit de Louis XIII.  Ces entités administratives du royaume sont découpées en généralités et en sénéchaussées (pour le sud du pays).  Nous allons découvrir les neuvième et dixième chapitres de ces sénéchaussées : le pays du Haut-Limousin, essentiellement l'ancienne Vicomté de Limoges et le pays du Bas-Limousin, réunion de plusieurs Vicomtés, dont celles de Comborn, Ventadour et Turenne.  Cet ensemble géographique est réparti sur les deux-tiers sud du département actuel de la Haute-Vienne, une petite partie à l'ouest de la Creuse et la quasi totalité du département de la Corrèze.
 A l'heure où dans l'actualité politique, la réforme des Régions verra en 2016 le Limousin réuni à l'Aquitaine et au Poitou-Charentes, on constate qu'aux époques précédant la Révolution, c'était déjà le cas, et même mieux depuis le XIIe s., le Limousin était un fief du Duché d'Aquitaine, sous le règne des Plantagenêts (Richard Cœur de Lion y a trouvé la mort au siège de Châlus, près de Limoges).
  Revenir à l'épisode précédent →



  Voici l'extrait d'une carte datant de la fin du XVIIIe s. , donc postérieure d'un an, mais sur laquelle j'ai reconstitué les limites administratives de notre région :
 Vous pouvez cliquer sur toutes les images pour les agrandir











Les fragments de manuscrits proviennent toujours du Volume II. Pour enrichir l'étude, j'ai mis en bonus l'extrait équivalent (quand il existe) dans l'Armorial Général de France*  (1696-1711), établi par Charles-René d'Hozier, et comme auparavant, j'ai placé le blason actuel en-dessous, pour comparer les différences ou au contraire la constance des figures dans le temps.

(*) Armorial Général de France - 
volume XVI - Généralité de Limoges

Au passage, on s'étonnera encore une fois du blason attribué d'office à la Province du Limousin sous la responsabilité de Charles-René d'Hozier ! Le blason aux hermines comme celui du manuscrit plus haut, qui nous vient de Bretagne ( de la maison de Penthièvre qui a reçu la Vicomté de Limoges en héritage au XIVe siècle) ne peut pas être ignoré par les héraldistes de l'époque. Pourquoi l'a-t-on délibérément ignoré dans cet armorial, je n'ai pas encore l'explication, d'autant plus que ce n'est pas un cas unique, nous l'avons déjà observé avec de nombreuses provinces, anciens Duchés ou Comtés, précédemment : la Guyenne , la Franche-Comté, la Touraine, le Poitou, etc...




Limoges (Haute-Vienne)

  Le buste nimbé et les initiales font référence à Saint Martial, ou Martial de Limoges, surnommé "l'apôtre d'Aquitaine", il fut évêque de Limoges (Civitas Lemovicum) au IIIe siècle. Civitas Lemovicum était la "cité", capitale du peuple gaulois des Lémovices, qui a donné son nom à la ville. Les fleurs de lis ont été concédées par le dauphin de France, le futur roi Charles VII, en 1421, afin de récompenser la ville pour la résistance de ses habitants aux occupants Anglais.



Saint - Yrieix - la Perche
 (Haute-Vienne)

 La crosse se rapporte à la mémoire de l'ancienne Abbaye de Saint-Yrieix fondée par saint Arédius en 572, un prêtre et haut dignitaire mérovingien et ami de Grégoire de Tours. Le culte d’Arédius grandissant, les chanoines édifient une collégiale romano-gothique qui prendra par déformation orale le nom de Saint-Yrieix. source texte : http://www.tourisme-hautevienne.com
Le blason de Charles d'Hozier est attribué d'office dans une série de blasons à trois pals !






Tulle (Corrèze)


  Les trois rocs d'échiquier symbolisent les tours de l'enceinte médiévale disparue mais aussi les rochers escarpés qui entourent la ville. La devise de la ville de Tulle est en latin : "Sunt Rupes Virtutis Iter" qui signifie  "Il y a des rochers sur le chemin de la Vertu". Il y a donc aussi une dimension religieuse dans ces figures.  Le chef d'azur aux fleurs de lis a été concédé par le roi Charles V.
  On remarquera que la ville a transmis une version du blasonnement sans le chef aux armes de France à Charles d'Hozier, dans la déclaration obligatoire consécutive à l'Édit royal de 1696.




Brive (Corrèze)

 Les épis de blé placés en forme de fleur de lys rappellent que la ville de Brive avait choisi l'autorité du roi de France. Le blé représente la richesse agricole de la ville.



Uzerche (Corrèze)

Les deux animaux sont décrits comme étant des "vaches" par La Planche dans son manuscrit, et sont brochants sur un champ d'azur semé d'étoiles d'argent. Mais actuellement on les blasonne en tant que "bouveaux", un terme ancien pour désigner les jeunes bœufs : "D'or à deux bouveaux de gueules l'un sur l'autre, au chef d'azur chargé de trois fleurs de lys du champ".
  Au VIIIe siècle, Pépin Le Bref, en guerre contre le duc d'Aquitaine, fait fortifier la cité avec une enceinte de 18 tours. Une légende raconte qu’à cette époque les Sarrazins (nom donné à l'époque médiévale aux musulmans), se retirant de Poitiers, assiègent la ville durant 7 ans. Les défenseurs affamés, décident un dernier stratagème pour décourager les assaillants de poursuivre leur assaut. Les uzerchois lâchent leurs deux derniers taureaux après les avoir gavé de leurs dernières mesures de grains. Les Sarrazins ouvrent la panse des animaux et à la vue de tant de grain croient la ville dotée de ressources inépuisables, et décident d'en abandonner le siège. Les armoiries d’Uzerche sont directement inspirées de cette légende, avec la représentation de deux taureaux. La devise de la ville est en latin "Non polluta" (non souillée). Abritée derrières ses puissants remparts, elle a été surnommée « Uzerche la pucelle », expression imagée signifiant qu'elle n'a jamais été prise. Le chef d'azur aux fleurs de lis a été concédé en 1374 par le roi Charles V, en récompense de la résistance de ses habitants face aux Anglais.
source textuelle : http://fr.wikipedia.org/ et  http://camping.uzerche.fr
Le blason de Charles d'Hozier est attribué d'office dans une série de blasons à une fasce palée !




Turenne (Corrèze)

Ce sont les armes relevant de celles des anciens Vicomtes de Turenne, en commençant par la maison de Comborn, qui possédaient une forteresse du XIIe s. dominant encore aujourd'hui le village. Mais la seigneurie changera de main avec successivement : la maison de Comminges, puis celle de Roger de Beaufort et encore celle de La Tour d'Auvergne, dont est issu le célèbre Maréchal de France Henri de Turenne, sous le règne de Louis XIV. Après quoi le fief sera rattaché à la couronne de France. La commune a repris pour elle ces armes, en 1978, après un vote.



[_)-(_]


D'autres lieux ou villes sont juste décrits par le texte, sans blason ni mention s'y rapportant :

Sénéchaussée du Haut-Limousin :

 - avec un contour de blason vide, sans description : Saint-Junien,Saint-Léonard (-de-Noblat).

 - sans blason ni mention s'y rapportant :
La Cité (faubourg de Limoges), La Règle (Abbaye Sainte-Marie),Eymoutiers, Aixe (-sur-Vienne), Pierre-Buffière, Solommac (Solignac, l'Abbaye), Grandmont (Abbaye), Bénévent (-l'Abbaye), Bourganeuf.


# cependant, quelques années plus tard, certaines villes (en gras, ci-dessus) ont été enregistrées et blasonnées dans l'Armorial Général de France (certains des blasons sont toujours d'actualité, à quelques détails près, sauf pour Saint-Léonard et Solignac qui ont adopté un autre blason ) :






Sénéchaussée du Bas-Limousin :

 sans blason ni mention s'y rapportant :

 Ussel,Argentat, Servières (-le-Château), Bort(-les-Orgues), Treignac, Beaulieu (-sur-Dordogne), Ventadour.


# cependant, quelques années plus tard, certaines villes (en gras, ci-dessus) ont été enregistrées et blasonnées dans l'Armorial Général de France (des blasons attribués d'office et "à la chaîne" comme on peut en juger ci-dessous, qui n'ont pas été conservés par les communes de nos jours) :




A bientôtpour une nouvelle série ... →


Crédits :
parmi les blasons "modernes" certains sont empruntés et parfois modifiés à :
http://armorialdefrance.fr/
http://labanquedublason2.com/ (dessins :  Jean-Paul Fernon)
http://armoiries.free.fr/
 Et je remercie particulièrement les personnes responsables de la Bibliothèque et des Archives du Musée du Château de Chantilly :  http://www.bibliotheque-conde.fr/


             Herald Dick
 



Hommage à Winston Churchill

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Aujourd'hui le 24 janvier 2015, on célèbre le 50e anniversaire de la mort du grand homme d'état britannique, chef du gouvernement pendant la Seconde Guerre mondiale, qui a été l'un des principaux artisans de la résistance du Royaume-Uni et des Alliés contre l'Allemagne nazie et les forces de l'Axe :


armoiries de Sir Winston Leonard Spencer Churchill
(voir blasonnement et détails plus bas)
portrait du Premier Ministre Winston Churchill
(détail) peint par Arthur Pan en 1943
et timbre émis en 2014 (série des Premiers
 ministres du Royaume-Uni) 

Winston Churchill


(• Woodstock 1874 - † Londres 1965)

sir Winston Leonard Spencer Churchill
• né le 30 novembre 1874 au palais de Blenheim, à Woodstock (Oxfordshire, Royaume-Uni)
• mort le 24 janvier 1965 à son domicile à Londres.


le Palais de Blenheim, à Woodstock (Oxfordshire) , énorme demeure de style néo-jacobéen construite au début du XVIIIe siècle pour
 le Duc de Marlborough -  Il doit son nom au village bavarois de Blenheim qui fut le théâtre d'une bataille en 1704
et vit la victoire de John Churchill, premier duc de Marlborough, contre les Français, durant la guerre de Succession d'Espagne.
Un air de "Downton Abbey" pour ceux qui connaissent la fameuse série TV britannique ! ( carte postale ancienne)

Enveloppe philatélique Premier Jour éditée pour le centenaire de la naissance de W. Churchill en 1974/1975

W.C. en uniforme  à 22 ans, en 1896
Né à Blenheim Palace (Oxforshire), au sein de la grande famille des Marlborough (il est le fils aîné de lord Randolph Churchill), Winston Leonard Spencer Churchill obtient le diplôme de l'école militaire royale de Sandhurst. Il sert en Inde et au Soudan, avant de démissionner de son commandement de cavalerie en 1899 pour devenir correspondant pendant la guerre des Boers. Il est fait prisonnier, et son évasion spectaculaire fait de lui un héros national. En 1900, il est élu au Parlement dans les rangs des conservateurs, puis, en désaccord avec la politique économique du gouvernement, il rejoint le parti libéral en 1904. Ministre du Commerce dans le gouvernement libéral d'Herbert Henry Asquith (1908), puis ministre de l'Intérieur (1910-1911), il travaille en collaboration avec David Lloyd George. Nommé premier lord de l'Amirauté (1911-1915), il réprime la grande grève des dockers puis celle des cheminots et modernise considérablement la flotte britannique.
Les armoiries de sir Winston Churchill
(héritées des ducs de Marlborough et de la maison Spencer-Churchill)  
Écartelé: aux 1 et 4, de sable un lion rampant d'argent, armé et lampassé de gueules,
 au canton d'argent à la croix de gueules (maison de Churchill); 
aux 2 et 3, contre-écartelé : aux 1 et 4, d'argent; aux 2 et 3, de gueules, au frette d'or;
sur-le-tout à la bande de sable, chargé de trois coquilles d'argent (maison de Spencer);

 sur le tout au milieu du chef : augmenté d'un écusson d'honneur : d'argent à la croix 
de Saint Georges de gueules chargé d'un écusson d'azur à trois fleurs de lys d'or.
(commémoration de la victoire de Blenheim le 13 août 1704) 
Timbré de deux heaumes d'acier, celui de senestre sommé d'une couronne d'or;
lambrequins d'argent et sable à dextre, d'argent et gueules à senestre.
Cimiers: à dextre, un lion couché d'argent, armé et lampassé de gueules tenant 
une bannière de gueules chargée d'une main dextre coupée d'argent (Churchill)
     à senestre: couronne ducale, une tête de griffon d'argent becqué et colleté de gueules 
issant entre les deux ailes d'un vol du premier (Spencer)
Collier de l'Ordre de la Jarretière et devise en espagnol :
     FIEL PERO DESDICHADO  ("Fidèle, mais misérable")
Les armoiries du 5e duc de Marlborough adoptées en 1817 
et portées tous les ducs de Marlborough après lui.
idem ci-dessus avec en plus les supports : 
deux dragons à deux pattes (vouivres ou wyverns) de gueules.

   Le rôle joué par Churchill pendant la Première Guerre mondiale est très controversé et a failli mettre fin à sa carrière. L'échec de l'expédition des Dardanelles, dont il s'était fait le promoteur, le contraint à démissionner de l'Amirauté. Après avoir commandé un bataillon en France, il rejoint le cabinet de coalition de Lloyd George, où il occupe, de 1917 à 1922, les fonctions de ministre des Munitions et de secrétaire à la Guerre. L'effondrement du parti libéral et du gouvernement de Lloyd George éloigne Churchill du Parlement de 1922 à 1924. Réélu en 1924, cette fois comme député conservateur, il devient chancelier de l'Échiquier du gouvernement de Stanley Baldwin (1924-1929). Il entreprend de rattacher la livre sterling à l'étalon-or, ce qui a des conséquences désastreuses sur l'économie britannique et contribue à déclencher la crise sociale de 1926, où il combat vigoureusement les syndicats. Il est écarté du pouvoir par la défaite des conservateurs en 1929, et durant les années trente, se consacre principalement à l'écriture. Il marque, pendant cette période, son opposition à l'autonomie des Indes, et son soutien à Édouard VIII lors de la crise d'abdication de 1936.


Enveloppe héraldique et philatélique Premier Jour éditée pour le centenaire de la naissance de W. Churchill en 1974/1975
  Churchill prend rapidement conscience de la menace que représente le nazisme pour le Royaume-Uni. Pendant la crise tchèque de 1938 (voir Sudètes), il plaide en vain pour une action de la France, du Royaume-Uni et de l'URSS, et condamne les accords de Munich signés par Neville Chamberlain. Il insiste sur la nécessité d'un réarmement. D'abord peu suivie par l'opinion publique, sa position rallie un soutien grandissant, et Chamberlain doit le nommer premier lord de l'Amirauté après la déclaration de guerre à l'Allemagne, en septembre 1939.

Enveloppe Premier Jour éditée en 2014 ( série des premiers Ministres britanniques)
    La politique d'apaisement de Chamberlain ayant été un échec, Churchill lui succède au poste de Premier ministre le 10 mai 1940. Lors de son investiture, il déclare : « [Ma politique] est de faire la guerre, sur mer, sur terre et dans l’air […], de la faire contre une monstrueuse tyrannie, telle que le sombre et lamentable catalogue des crimes humains n’en offre pas de pire. […] Je n’ai à offrir que du sang, du labeur, de la sueur et des larmes». Pendant les jours sombres de la bataille d'Angleterre, la pugnacité et les discours passionnés de Churchill persuadent les Britanniques de poursuivre la lutte. Il exhorte ses compatriotes à se conduire de façon que « si l'Empire britannique et son Commonwealth vivent mille ans, les hommes continuent de dire :  C'était leur heure de gloire».  Après la déroute française de juin 1940, il se soucie d'éviter que la flotte française ne tombe aux mains des Allemands, d'où la décision d'attaquer la flotte française à Mers-el-Kébir, en Algérie (3 juillet 1940). Avec l'aide d'Antony Eden, il développe une collaboration fructueuse avec le président Franklin D. Roosevelt, obtenant le soutien militaire et moral des États-Unis.  
 la Conférence de Yalta, 14 février 1945 : Churchill, Roosevelt et Staline

   Après l'entrée en guerre de l'Union soviétique, avec laquelle, bien que farouchement anticommuniste, il accepte de s’allier, et des États-Unis, en 1941, Churchill tisse des liens étroits avec les responsables de ce qu'il appelait la « Grande Alliance », y compris avec le général de Gaulle (qui n'est reconnu par les États-Unis qu'en 1942). Se déplaçant pendant toute la durée de la guerre, il contribue dans une large mesure à la coordination de la stratégie militaire alliée. Il a un rôle de premier plan dans les grandes conférences de paix, notamment à Yalta (1945). Il ne participe qu'aux premières négociations de Potsdam, car il perd les élections de juillet 1945 ; le travailliste Clement Attlee le remplace à la tête du gouvernement.

bloc-feuillet philatélique commémoratif émis par Guernesey en 2015
Churchill critique les réformes de « l'État providence » introduites par son successeur. Dans le célèbre discours du « rideau de fer » qu'il prononce dès 1946 à Fulton (Missouri), il met en garde le « monde libre » contre les dangers de l'expansion soviétique. Dans le même temps, pour faire face à l’URSS, il propose en septembre 1946 à Zurich, « quelque chose comme les États-Unis d’Europe. Pour mener à bien cette tâche urgente, la France et l’Allemagne devront se réconcilier. » Mais à ses yeux, la Grande-Bretagne ne pourrait qu’y participer de manière indirecte. À nouveau Premier ministre de 1951 à 1955, il est, en raison de son âge avancé et de sa santé défaillante, empêché de diriger le pays de façon aussi dynamique. Il cède le pouvoir en avril 1955 à Anthony Eden, et consacre ses dernières années à la peinture et à l'écriture, assistant impuissant au démantèlement de l’Empire britannique dont il est un ardent défenseur. Il reçoit pour son œuvre le prix Nobel de littérature en 1953. Il meurt le 24 janvier 1965, à l'âge de quatre-vingt-dix ans. Des funérailles nationales ont lieu à Bladon, près du palais de Blenheim.
Monnaie commémorative en argent frappée par The Royal Mint , la société frappant la monnaie en Grande-Bretagne
photo : W. C. saluant les photographes devant le "10 Downing Street"à Londres, le bureau du Premier Ministre britannique.
Churchill est également un historien remarquable. Parmi ses ouvrages les plus célèbres, on peut citer : The World Crisis (4 vol., 1923-1929), My Early Life (1930), Marlborough (4 vol., 1933-1938), The Second World War (6 vol., 1948-1953) et Histoire des peuples de langue anglaise (4 vol., 1956-1958).
 source texte : Encyclopédie ® Encarta


gravure dans le style de Arthur-Charles Fox-Davies ( les quartiers sont inversés)

Voici maintenant quelques éclaircissements sur les armoiries présentées dans ce sujet :

• sans rentrer dans les détails de son arbre généalogique, W. Churchill est le descendant d'une illustre famille britannique, les Spencer-Churchill, dont certains membres ont accédé au titre de Duc de Marlborough depuis 1702, et le premier : John Churchill qui est le plus illustre de la lignée de par sa gloire militaire, mais après quelques déboires pendant la seconde Révolution anglaise (eh oui ! il y a eu plusieurs révolutions en Angleterre au XVIIe siècle et on a même coupé la tête d'un roi en titre bien avant celle de Louis XVI en France en 1793 !). 
  La curieuse devise "Fiel pero desdichado" ("fidèle mais misérable", traduit de l'espagnol), vient justement de cette période troublée en Angleterre, quand John Churchill, resté fidèle au roi destitué Jacques II et accusé de trahison, a perdu tous ses biens. Mais il aura l’occasion de se refaire quelques années plus tard par la gloire sur les champs de bataille. La célèbre chanson, devenue une comptine : "Malbrough s'en va-t-en guerre" est basée sur sa vie. Par contre le choix de la langue espagnole n'est pas très claire. On pense que cela "sonnait" mieux dans cette langue qu'en latin ou qu'en français, la langue des cours royales en Europe.


• une branche du nom des Churchill, étaient barons de Sandridge, puis comtes de Marlborough et avaient ce blason, à gauche : 

Churchill
Spencer
• une autre branche du nom des Spencer, étaient barons de Wormleighton, puis comtes de Sunderland et avaient ce blason ci-dessus à droite. Une des descendantes directes de la maison de Spencer n'est autre que Lady Diana Spencer (1961-1997), surnommée "Lady Di", épouse de Charles, Prince de Galles, qui est décédée tragiquement à Paris le 31 août 1997 dans un accident de la circulation. 


armoiries personnelles de Diana Spencer.





 Crédits :

http://en.wikipedia.org/
http://www.winstonchurchill.org/
http://www.europeanheraldry.org/united-kingdom/families/families-f/house-churchill-and-spencer/

http://www.royalmint.com/our-coins/events/50th-anniversary-of-the-death-of-sir-winston-churchill




         Herald Dick
 

27 janvier 1615 - 2015 : 400ème anniversaire de la naissance de Nicolas Fouquet, et l'histoire de l'écureuil qui prit un coup de soleil

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Aujourd'hui le 27 janvier 2015, on célèbre le 300e anniversaire de la naissance du célèbre  surintendant des Finances français du roi Louis XIV, tombé en disgrâce pour avoir étalé plus de richesse que son roi.

blason de la famille Fouquet :
"d'argent à l'écureuil rampant de gueules".
portrait de Nicolas Fouquet peint par Édouard Lacretelle
collection des Musées du Château de Versailles 



Nicolas Fouquet


(• Paris 1615 - † Pinerolo 1680) 

Nicolas Fouquet, marquis de Belle-Île, vicomte de Melun et de Vaux.
• né à Paris, le 27 janvier 1615
• mort emprisonné dans la forteresse de Pignerol (Pinerolo, aujourd'hui en Italie), dans le Piémont, le 23 mars 1680.

armoiries de Fouquet  : écu timbré d'une couronne de marquis et soutenu par deux lions rampants.
ce sont des armes parlantes : "foucquet" est le nom donné à l'écureuil en dialecte gallo, en Bretagne, région d'origine de la famille.
Écureuil roux (Sciurus vulgaris). Planche extraite de la Collection des animaux quadrupèdes de Buffon.
 Gravure (1759-1767) d'après un dessin de Jacques de Sève.
pour lire la suite, cliquer sur le lien ci-dessous :

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  Nicolas est un homme politique français qui mena sous le règne de Louis XIV une politique de rétablissement des finances publiques, mais dont la puissance, acquise dans l'exercice de ses fonctions, finit par porter ombrage au pouvoir royal. Le jeune roi Louis avait appris à se méfier des nobles et des princes trop puissants, après l'épisode de "La Fronde" . La devise de Fouquet, en se rapportant à son emblème : l'écureuil, étaient : «Quo non ascendet ?» (Jusqu'où ne montera-t-il pas ?). Beaucoup de ses contemporains, jaloux et cruels, ont répondu : "plus dure sera la chute !". Louis XIV ayant choisi le soleil comme emblème, en toute modestie, donne l'explication du titre de mon sujet.

portrait de Nicolas Fouquet , gravure avec armoiries
.
portrait de Nicolas Fouquet avec armoiries (1662),
 gravure de Robert Nanteuil


   Fils d'un armateur breton devenu lui-même conseiller d'État et maître des requêtes, Nicolas Fouquet (ou Foucquet) acheta la charge de procureur général en 1650. Resté fidèle à Mazarin (qui était alors en exil), il fut nommé surintendant des Finances en 1653, succédant ainsi à Servien. Sa fortune, accrue par son mariage avec Marie de Castille en 1651, lui permit d'effectuer des prêts au Trésor. Il profita ainsi des désordres et de la crise financière du royaume au lendemain de la Fronde pour rassurer les traitants et devenir, de fait, banquier du roi. Ces opérations financières, irrégulières bien que couramment pratiquées à l'époque, lui permirent de s'enrichir considérablement.

le somptueux château de Vaux-le-Vicomte, près de Melun (Seine-et-Marne), construit pour Nicolas Fouquet entre 
1656 et 1661; architecte : Louis Le Vau, décorations intérieures : Charles Le Brun, et les jardins créés par André Le Nôtre.
timbres de La Poste émis en 2012 et en 1989 (le format large), et l'écureuil, emblème héraldique de Fouquet, détail d'une tapisserie du château.
 logo d'un site consacré au château → ICI
  Grâce à cette immense fortune, il se fit construire le somptueux château de Vaux-le-Vicomte et s'entoura d'une cour brillante et lettrée (La Fontaine, Molière, Poussin, etc.). Cependant, la mort de Mazarin en mars 1661 marqua le début de sa chute. Jean-Baptiste Colbert, qui le détestait et souhaitait le remplacer, mena une enquête approfondie sur les comptes du surintendant, prit connaissance des tractations occultes opérées par ce dernier et s'en plaignit à Louis XIV.
écureuils ornant les murs de façade du château
décor mural d'une pièce du château de Vaux-le-Vicomte montrant au centre les armes de sa femme,
 Marie Madeleine de Castille (le château) et les siennes : deux écureuils au sommet du décor.
armoiries de Nicolas Fouquet (ici décédé) et de Marie Madeleine de Castille-Villemareuil, sa seconde épouse.
 Extrait de l'Armorial Général de France, registre n° 23, Généralité de Paris, vol. I, page 1829 ( BNF Paris).
"la Tenture de la Renommée" marquée de l'écureuil de Nicolas Fouquet ,
 tapisserie du Château de Vaux-le-Vicomte.
bas-relief surmontant une fenêtre du château de Vaux-le-Vicomte
 reproduisant les armoiries de Nicolas Fouquet.
   Pour inaugurer sa splendide résidence, le surintendant organisa une fête extravagante le 17 Août 1661. Il invita le roi, Colbert et toute la cour. Molière a présenté sa pièce-ballet  "Les Fâcheux", que Fouquet lui a commandé spécialement pour l'occasion. Jean-Baptiste Lully a écrit la musique du ballet. La fête, le château et Fouquet firent sensation, et le chef de la maison de Bourbon se voyait dépassé par un simple bourgeois dont la famille était inconnue deux générations auparavant. Rempli d'animosité envers le roi, Fouquet, selon certains historiens, aurait même tenté de séduire la favorite du roi, mademoiselle de La Vallière. Furieux et humilié, Louis XIV fit arrêter Fouquet trois semaines plus tard, l'accusant de détournement de fonds publics. Durant le procès, qui dura trois ans, les fidèles de Fouquet vinrent témoigner en sa faveur. D'abord condamné au simple bannissement, Fouquet vit accroître par le roi la sévérité de sa peine, qui fut commuée en emprisonnement à vie. Ainsi, le surintendant fut-il envoyé à la forteresse de Pignerol dans les Alpes piémontaises, en 1665, où il mourut quinze ans plus tard. Par cette sanction exemplaire, Louis XIV rompait avec la tradition de dépendance financière qui entravait le pouvoir du roi jusqu'alors et s'affirmait comme monarque absolu, en prenant la tête du Gouvernement lui-même et nomma Colbert, son ministre des Finances.
 source partielle texte : Encyclopédie ® Encarta
Jeton en argent daté de 1654, avers et revers aux armes de Fouquet, couronne de vicomte (à gauche) et celles de son épouse
 (à droite) ainsi que la fameuse devise "Quo non ascendet " (Jusqu'où ne montera-t-il pas ?) , complétée par "Surgit radicibus
 altis" (Il s'élève à partir de racines profondes) . Cette absence de modestie va se révéler fatale pour lui.
gros plan de la reliure d'un livre marquée aux armes de Fouquet.
deux ex-libris aux armes de Fouquet
plaque de cheminée aux armoiries de Fouquet, exposée au château de Blandy-les-Tours (Seine-et-Marne)


L'écureuil de Nicolas Fouquet dans l'héraldique civique et associative :
• au moins deux communes de France ont adopté l'écureuil de Fouquet dans leurs armoiries, la première dans les ornements extérieurs et la seconde dans le blason de l'écu.
armoiries de la commune de Maincy (Seine-et-Marne),
 sur le territoire de laquelle se trouve le château de Vaux-le-Vicomte
Parti: au 1er de gueules à six fleurs de lis d’argent ordonnées 3, 2 et 1,
 au 2e d’or à la fasce ondée d’argent, bordée d’azur, accompagnée de
trois roues de moulin de sable. Timbre : couronne murale , un écureuil
rampant de gueules issant ( de Nicolas Fouquet)
 visuel du site internet de la commune www.maincy.com
 logo d'une association locale
visuel d'une autre association de passionnés d'histoire locale


En 1657, le Surintendant Fouquet vint s’installer à Saint-Mandé au lieu dit de l’Epinette. Il désirait constituer un domaine de plaisance,
 voisin du Château de Vincennes où Mazarin, avec lequel il était lié, passait l’été. Fouquet y fit des travaux somptueux : la bibliothèque
contenait 30 000 volumes, les jardins 200 orangers; les appartements renfermaient de nombreuses œuvres d’art et des tableaux de
 grands prix. La propriété reçut la visite du jeune roi Louis XIV et de Mazarin.
Après la chute du Surintendant en 1661, elle resta longtemps abandonnée. En 1705, elle fut occupée par les religieuses hospitalières
 de Gentilly qui y tinrent un hôpital jusqu’au début de la Révolution. Après leur départ, vers 1795, le terrain fut loti.
 La carte postale ancienne indique l'emplacement du domaine mais ce ne sont pas les bâtiments d'origine.
armoiries de la commune de Saint-Mandé (Val-de-Marne), créées par Robert Louis
 Écu écartelé : au premier d'argent à l'écureuil de gueules ( armes de Nicolas Fouquet) ;
 au deuxième d'azur à la tourelle couverte d'argent ajourée de sable, flanquée, de part et d'autre,
 de son avant-mur crénelé de six pièces aussi d'argent maçonné de sable (seuls vestiges historiques
 des dépendances du Château de Vincennes : cette tourelle donna son nom à la place et au quartier du même nom) ;
 au troisième d'azur à la tierce ondée d'argent soutenue d'un croissant du même (les ondes d’argent
 évoquent le lac de Saint-Mandé dans le bois de Vincennes) ;
 au quatrième de gueules au chevron d'or accompagné de trois molettes d'éperon du même
 (armes de Bérulle, en souvenir de Jacques François de Bérulle et d’Amable-Thomas de Bérulle,
 de la famille du célèbre cardinal, qui furent seigneurs de Saint-Mandé de 1740 à 1767).
 Timbre : couronne murale ; Soutiens : lys de jardins.
Devise en latin : cresco et floresco (je pousse et je m'épanouis).
armoiries de Saint-Mandé en bas-relief quelque part dans la ville

Les autres membres de la famille à l'écureuil :


portrait avec armoiries de Louis Fouquet (1633-1702) ,
frère de Nicolas, évêque-comte d'Agde et aumônier du roi,
gravure de René Lochon 
armoiries de Louis Fouquet, évêque-comte d'Agde (notez la position accroupie de l'écureuil qui est fausse)
 Extrait de l'Armorial Général de France, registre n° 15, Généralité de Languedoc, vol. II, page 1269 ( BNF Paris).

armoiries de Louis-Nicolas Fouquet (1654-1705), comte de Vaux, fils de Nicolas, et son épouse Jeanne-Marie Guyon
 Extrait de l'Armorial Général de France, registre n° 23, Généralité de Paris, vol. I, page 865 ( BNF Paris).
armoiries de Louis Fouquet (1661-1738), marquis de Belle-Ile, autre fils de Nicolas, et son épouse Catherine Agnès de Lévis.
 Extrait de l'Armorial Général de France, registre n° 14, Généralité de Languedoc, vol. I, page 452 ( BNF Paris).
représentation postérieure des armoiries des Fouquet, comtes de Gisors,
 marquis de Belle-Ile,  branche descendant des parents précédents
 avec un écartelé en 1et 4 : de Fouquet et en 2 et 3 : de Lévis.
armoiries d'une branche antérieure des Fouquet, comtes de Chalain - le blason est augmenté d'une bordure de gueules semée
de fleur de lis d'or qui vient des armes de la maison de Châteaubriant (de gueules semé de fleur de lis d'or) .
  Extrait de l'Armorial Général de France, registre n° 09, Généralité de Bretagne, vol. II, page 1450 ( BNF Paris).
armoiries d'une branche latérale du nom de Fouquet de Closneuf - le blason est augmenté d'un chef d'azur avec trois roses d'argent.
 Extrait de l'Armorial Général de France, registre n° 23, Généralité de Paris, vol. I, page 802 ( BNF Paris).



Pour les évènements marquant  cet anniversaire, voir → ICI
 








         Herald Dick
 

Heraldique analogies #02 - les blasons de l'alphabet, de A à I

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 Je vous propose cette fois une nouvelle petite fantaisie mêlant encore symboles et figures héraldiques. Ce sont cette fois les 26 lettres de l’alphabet latin qui ornent seules ou accompagnées d'autres figures héraldiques les blasons de communes ou localités d'Europe. Les créateurs ou artistes héraldistes sont parfois en mal d'inspiration pour n'avoir que l'initiale du nom du sujet à illustrer.
  Cet artifice de représentation simpliste s'est surtout répandu dans l'héraldique civique, villes et communes. L'Armorial Général de France de Charles d'Hozier (édit royal de 1696) en comporte déjà énormément, y compris pour des personnes physiques. 
  Pour compenser la pauvreté de l'illustration héraldique, j'ai choisi de mettre en miroir les merveilleuses lettrines des bandeaux de chapitres de nos anciens dictionnaires illustrés, les Larousse en particulier. Dans ces bandeaux, il est amusant de jouer à retrouver les mots symbolisés par les diverses figures représentées qui commencent toutes avec l'initiale qu'elles illustrent. Mais le jeu des devinettes est parfois très difficile et la bonne réponse perdue avec les années...


blason de la commune d'Angrogna
 (Italie, région du Piémont)



blason du village de Benkovce
 (Slovaquie)



blason de la commune de Champeix
 (France, département du Puy-de-Dôme)


blason de la commune de Doué-la-Fontaine
 (France, département du Maine-et-Loire)


blason de la localité de Eiterbach
 (Allemagne, land de Bade-Wurtemberg)


blason de la localité de Friedrichstal
 (Allemagne, land de Bade-Wurtemberg)



blason de la commune de Garidech
 (France, département de la Haute-Garonne)




blason de la commune de Herbsheim
 (France, département du Bas-Rhin)



blason de la commune de Cabrespine
 (France, département de l'Aude)


  Pour la lettre I , j'avoue avoir triché, la figure est purement visuelle, en fait c'est une billette ! 





Crédits :
•blasons :
A- E- F = http://commons.wikimedia.org/wiki/
B = http://www.vs.sk/heraldreg/
C- D- I = http://armorialdefrance.fr/ (dessins Daniel Juric)
G = http://www.labanquedublason2.com/  ( dessin Jean-Paul Fernon)
H = http://armoiries.free.fr/accueil/


•lettrines, ornements :
Le Grand Dictionnaire Universel de Larousse - édition 1865
site : https://apps.atilf.fr/artdico/index.php .



      Herald Dick

Heraldique analogies #03 - les blasons de l'alphabet, de J à Q

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 Suite de la petite fantaisie mêlant à nouveau  symboles et figures héraldiques. Voir le premier chapitre → . Nous nous sommes baladés ainsi dans plusieurs pays d'Europe : Italie, Slovaquie, France et Allemagne, au gré des premières des 26 lettres de l’alphabet latin qui ornent seules ou accompagnées d'autres figures héraldiques les blasons de communes ou localités de ces pays.
  Toujours pour compenser la pauvreté de l'illustration héraldique, je continue de mettre en miroir les merveilleuses lettrines des bandeaux de chapitres des anciens dictionnaires illustrés Larousse. Dans ces bandeaux, il est amusant de jouer à retrouver les mots symbolisés par les diverses figures représentées qui commencent toutes avec l'initiale qu'elles illustrent. Ce sont aussi bien des noms communs que des noms propres : lieux ou personnages, historiques, bibliques, etc...



blason de la commune de Jastarnia
 (Pologne, voïvodie de Poméranie)


.

blason de la commune de Casacalenda
 (Italie, région de Molise)



blason de la ville de Leer
 (Allemagne, land de Basse-Saxe)




blason de la commune de
Medels im Rheinwald
 (Suisse, canton des Grisons)



blason de la commune de Novedrate
 (Italie, région de Lombardie)




blason de la ville de Owen
 (Allemagne, land de Bade-Wurtemberg)




blason de la commune de Pionsat
 (France, département du Puy-de-Dôme)




blason de la localité de Queichheim,
devenue un quartier de la ville de Landau
 (Allemagne, land de Rhénanie-Palatinat)





Crédits :
•blasons :
J -L -M -O -Q = http://commons.wikimedia.org/wiki/
K = http://www.araldicacivica.it (dessin Bruno Fracasso)
N = http://www.stemmiesapori.com/
P = http://armorialdefrance.fr/ (dessin Daniel Juric)


•lettrines, ornements :
Le Grand Dictionnaire Universel de Larousse - édition 1865
site : https://apps.atilf.fr/artdico/index.php .



      Herald Dick




Heraldique analogies #04 - les blasons de l'alphabet, de R à Z

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 Suite et fin de la série liant alphabet et figures héraldiques par l'analogie. Voir le précédent chapitre → . Nous nous sommes baladés ainsi dans plusieurs pays d'Europe : Italie, Slovaquie, France, Allemagne, Pologne et Suisse, au gré des premières des 26 lettres de l’alphabet latin qui ornent seules ou accompagnées d'autres figures héraldiques les blasons de communes ou localités de ces pays. Chaque blason, authentique, est un choix personnel : couleurs, meubles ou figures d'accompagnement, calligraphie. Mais il existe beaucoup d'autres possibilités, sauf peut-être pour certaines lettres, qui, comme au scrabble sont plus rares selon les langues d'origine ! Le W est introuvable en Espagne, mais très fréquent en Allemagne ; le X est rare partout ...
  Toujours pour leur beauté, je continue de mettre en miroir les merveilleuses lettrines des bandeaux de chapitres des anciens dictionnaires Larousse. Vous pourrez vous exercer à retrouver les mots symbolisés par les diverses figures représentées qui commencent toutes avec l'initiale qu'elles illustrent. Ce sont aussi bien des noms communs que des noms propres : lieux ou personnages, historiques, bibliques, etc...  Les dernières lettres sont particulièrement difficiles.


blason de la municipalité de Redondela
 (Espagne, province de Pontevedra, Galice)





blason de la localité de Oberissigheim
 (Allemagne, land de Hesse)



blason de la ville de Tönisvorst
 (Allemagne, land de Rhénanie du Nord-Westphalie)



blason de la ville de Ulricehamn
 (Suède, comté de Västra Götaland)



blason de la commune de Verzy
 (France, département de la Marne)




blason de la localité de Wicker
un quartier de la ville de Flörsheim am Main
 (Allemagne, land de Hesse)




blason de la commune de Decimomannu
 (Italie, région de Sardaigne)



blason de la commune d'Issoire
 (France, département du Puy-de-Dôme)



blason de la localité de Zoznegg,
ancienne commune intégrée à Mühlingen
 (Allemagne, land de Bade-Wurtemberg)

  Vous aurez remarqué au passage que deux de ces blasons sont fautifs pour la règle d'association des couleurs :"métal sur métal" ou "émail sur émail". Pourtant c'est bien ainsi qu'ils ont été créés. 
 Précision pour le blason de Decimomannu : le X ne représente pas ici la lettre de l'alphabet, mais le chiffre romain valant 10 : ce sont des armes parlantes en latin (decem = dix). Le Y de la ville d'Issoire correspond à l’initiale de sa graphie ancienne (Yssoire).


Nous en avons terminé avec l'alphabet latin, mais qui sait : il y a d'autres alphabets !!



Crédits :
•blasons :
R -S -T -U -W -X -Z = http://commons.wikimedia.org/wiki/
V = Armorial des communes du département de la Marne, 2002 (auteur : Jean-Paul Denise)
Y = http://www.labanquedublason2.com/  ( dessin Jean-Paul Fernon)



•lettrines, ornements :
Le Grand Dictionnaire Universel de Larousse - édition 1865
site : https://apps.atilf.fr/artdico/index.php .



      Herald Dick

Histoire parallèle : fin janvier- début février 1915-2015 - nouveau front en Égypte, sur le canal de Suez

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 Nous reprenons le fil du voyage parallèle dans le temps pour poser un jalon dans un nouveau pays qui arrive dans le conflit : l'Égypte. Ancienne province de l'Empire ottoman depuis des siècles, mais administrée par les Anglais depuis 1882 par un accord entre les deux empires qui sont devenus ennemis, elle bascule dans la tourmente mondiale. Et le contrôle du Canal de Suez , objectif stratégique d'importance considérable est l'enjeu de ce nouveau front,  dont l'Égypte et la Palestine plus tard vont subir les conséquences.
 Comme d'habitude je m'efforce d'illustrer les dossiers avec un maximum de documents et d'emblèmes d'époque.


drapeau marchand de l'Empire ottoman en 1915
drapeau de l'Empire britannique en 1915

drapeau de l'Australie en 1915
drapeau du Sultanat d'Égypte en 1915



• 19 décembre 1914 :  pour contrer une inévitable invasion turque, le Royaume-Uni impose son protectorat à l'Égypte, qu'il contrôle déjà depuis 1882, alors que la région est théoriquement une province de l'Empire ottoman.  Le khédive Abbas II Hilmi est démis de ses fonctions et remplacé par son oncle le sultan Hussein Kamal, et les britanniques se font représenter par un haut commissaire.

• 26 janvier 1915 :  l'Empire ottoman décide de reprendre militairement le contrôle du sultanat d'Égypte, et envoie une armée de 80 000 hommes commandée par Djemal Pacha contre l'armée britannique en espérant la battre rapidement.


• 3 février 1915 :  L'armée ottomane est défaite par les Britanniques le 3 février 1915 à Toussoum, au bord du canal de Suez, et se met en retrait en Palestine.


 
carte postale lithographie d'époque montrant le port de Suez avec des armoiries

 
article de presse française avec les portraits du nouveau sultan d'Égypte Hussein
 Kemal à gauche, remplaçant de l'ancien khédive pro-turc Abbas Hilmi à droite.
armoiries du Sultanat d'Égypte de 1914 à 1922 , avec deux variantes

combattants égyptiens avec l'ancien drapeau, carte postale allemande d'époque
carte postale lithographie d'époque avec armoiries : Le Caire

carte de localisation du front
carte topographique de la bataille : janvier 1915.
la bataille de Toussoum, le 3 février 1915 , carte postale d'époque.
Troupes australiennes stationnées en Égypte , carte postale d'époque.
drapeau militaire turc pris en 1915 par les britanniques
(collection Imperial War Museum - Londres)





                 Herald Dick

Argentine : ses divisions administratives, ses blasons et emblèmes - 2ème partie : Nuevo Cuyo y Centro

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el Sol de Mayo, la référence à la Révolution du 
25 mai 1810, au début du processus d'indépendance de
 l'Argentine, symbole emprunté aux Incas (le dieu Inti)
le bâton du mandat présidentielen Argentine avec 
les armoiries sur le pommeau, sur un timbre émis en 
2012, et brandi par Cristina Fernández de Kirchner,
 rééluePrésidente de la République en 2011.
    J'avais proposé ce sujet en marge de l'évènement du Rallye automobile du Dakar il y a quelques semaines, afin de mieux connaître un des trois pays hôtes :  l'Argentine. Nous étions restés la dernière fois dans l'extrême Nord du pays à la limite du Brésil (voir → ).  Ces articles ont pour but de compléter mes fiches "pays" que vous pouvez consulter dans l'onglet ci-dessus "Emblèmes pays".
  L'Argentine, dont le nom officiel est la République argentine, est limitée au nord par la Bolivie et le Paraguay, à l’est par le Brésil, l’Uruguay et l’Océan Atlantique, et à l’ouest par le Chili. Par sa superficie, 2 780 400 km², l’Argentine est le deuxième pays d’Amérique du Sud, après le Brésil.
Sa forme rappelle celle d’un triangle, sa base étant située au nord et son sommet au cap Dungeness, l’extrémité sud-est du territoire continental. Le pays, qui s’étend sur 3 700 km du nord au sud, et sur plus de 1 300 km d’est en ouest, présente un relief très varié : aux grandes plaines de l’est s’opposent les chaînes montagneuses de l’ouest et les plateaux rocheux du sud. 
  Le territoire de la Terre de Feu (Tierra del Fuego), qui comprend la moitié orientale de la Grande île de la Terre de Feu et plusieurs îles contiguës, dont l’île des États (Isla de los Estados), fait partie de l’Argentine.
  Le pays revendique, par ailleurs, les îles Malouines et plusieurs îles de l’Atlantique Sud, administrées par le Royaume-Uni, ainsi qu'un large territoire sur le continent Antarctique.
Les provinces forment plusieurs régions géographiques et depuis 1999, elles sont regroupées en quatre grandes Régions Intégrées, auxquelles il faut rajouter une cinquième unité économique : la Province autonome de Buenos Aires et la Ville autonome de Buenos Aires. Ces entités ont un rôle réel de décideurs dans le développement économique et social du pays. C'est ce découpage que j'ai pris comme modèle de référence à mes sujets.





 Je poursuis le voyage virtuel avec 7 provinces du Centre du pays, parmi lesquelles figurent encore les plus anciennes à avoir constitué les bases de l'État fédéral, nommé "Confédération argentine" au milieu du XIXe siècle. Sur la carte précédente figurent ces provinces, en couleur rose pastel, repérées par les chiffres de 1 à 7, ainsi que les capitales de chacune d'entre elles en toutes lettres, qui seront détaillées au fur et à mesure.


Province n° 1 : Mendoza


armoiries de la province de Mendoza
drapeau de la province de Mendoza
(depuis le 21 octobre 1992)

Le drapeau de l'état provincial présente lui aussi, comme celui de Jujuy, vu la dernière fois (voir → ) un format de lecture exceptionnellement vertical, avec des proportions de 4:3 .  C'est parce qu'il est la reproduction très fidèle d'un ancien drapeau historique (voir plus bas), celui conçu parJosé deSanMartín, un autre acteur de l'indépendance, à l' occasionde son expéditionlibératriceau Chiliet au Pérou.

  Les armoiries de la province sont basées sur celles de l'emblème national, dont l'origine date de l813, officialisé par l'Assemblée générale constituante des Provinces Unies de Río de la Plata, réunie à Buenos Aires. Celles, actuelles, de Mendoza ont été officialisées par une loi en 1941. Elles comportent en supplément une corne d'abondance remplie de fruits, sous les bras unis tenant la pique avec le bonnet phrygien
emblème de la capitale : Mendoza
L'écu de forme ovale est partagé en deux parties :
la partie supérieure montre une montagne enneigée surmontée 
d'une pique sommée d'un bonnet phrygien de gueule;  la montagne n'est autre
 que le Mont Aconcagua (alt. 6 962 m.) le point culminant de la Cordillère 
des Andes et situé dans la province de Mendoza, non loin de la frontière chilienne;
la partie inférieure montre une plaine verte sillonnée par une rivière d'azur;
il s'agit du río Mendoza qui irrigue les terres fertiles de la région.
Le tout est encadré d'une couronne de branches de laurier liées 
avec un ruban aux couleurs nationales. Les lauriers, symbole de triomphe,
 et le bonnet phrygien, symbole de liberté, font naturellement
 référence à l’emblème national.

 Pour voir la suite, cliquer sur le lien ci-dessous



______________________________
Histoire de la Province de Mendoza

drapeau de l'Armée des Andes (en espagnol : Ejército de los Andes)
qui était une force militaire mise en place par José de San Martín
avec pour but premier de libérer le Chili et le Pérou de l’Empire espagnol.
En 1817, il traversa les Andes en partant de la province argentine de Mendoza.
sceau de Mendoza en 1834 avec une inscription en
 honneur au Señor General Rosas, homme politique
 de l'indépendance de la Confédération Argentine
Armoiries provinciales datées de 1920


 .


Province n° 2 : San Juan

armoiries de la province de San Juan
drapeau de la province de San Juan
(depuis le 11 décembre 1997), face et revers ci-dessous
 
Ce drapeau est lui aussi, comme le précédent, basé sur le modèle d'un ancien drapeau militaire de l'Armée de Andes pendant les guerres d'indépendance, celui d'une division composée de combattants provenant de la région de San Juan (voir plus bas). Il a lui une autre particularité, unique en Argentine et rare dans le monde, il possède deux faces différentes ! trois bandes horizontales : deux bleues ciel et une blanche plus large au centre, avec les armoiries provinciales soutenues par la devise en espagnol "EN UNIÓN Y LIBERTAD" sur l'avers, et un soleil d'or sur le revers. Le soleil des Incas est composé de 32 rayons.

 Les armoiries sont là aussi encore une nouvelle déclinaison des armoiries nationales, avec la seule différence : les avant-bras sont vêtus d'une manche d'habit noir (de sable). Le soleil qui surmonte l'écu est réduit à 18 rayons, correspondant au nombre de départements de la province de San Juan.

armoiries de la capitale : San Juan
"Écu parti à dextre échiqueté d'azur et d'argent, à senestre d'argent
 à la figure de Saint-Jean-Baptiste sur une terrasse de tenné avec 
cinq roses tigées au naturel ; une bordure d'argent portant le nom de la ville.
Timbré d'un soleil d'or naissant brochant sur un bonnet phrygien de gueules.
Supporté par un parchemin d'or. Date adoption : 1945.
L'échiqueté vient des armes du fondateur de la cité : Don Juan Jufré.
Saint Jean-Baptiste est le saint patron de la ville qui porte son nom.

______________________________
Histoire de la Province de San Juan

drapeau de la colonne IV du lieutenant-colonel Juan Manuel Cabot  
lors du passage des Andes depuis les provinces de Cuyo (1817) ,
 unité intégrée dans l'Armée des Andes du général José de San Martín

  



Province n° 3 : La Rioja


"armoiries" de la province de La Rioja


drapeau de la province de La Rioja (depuis le 14 août 1986)

Composé de deux bandes égales blanche et bleue, barré en diagonale d'une petite bande rouge "punzó"(rouge vif), le drapeau est chargé au centre de deux branches de lauriers vertes mises en couronne, fruitées de baies rouges, qui représentent les 18 départements de la province.


sommets de la Sierra Famatina : le Nevado de Famatima
 ou Cerro General Belgrano ( alt. 6250 m.)
L'emblème provincial officialisé en 1926 et qui s'inspire des armoires national, du moins dans la forme, montre un écu elliptique chargé d'une montagne et un ciel "au naturel", timbré d'un soleil rayonnant d'or naissant et soutenu de branches de lauriers liées par un ruban aux couleurs nationales.
Les montagnes sont celles de la Sierra Famatina , un massif des Andes présent dans cette province, avec des sommets a plus de 6 000 mètres.





armoiries de la capitale : La Rioja
Un blason héraldique, une fois n'est pas coutume ! 
Écu français : d'or à la bande d'azur chargée d'une cotice
d'argent, accompagnée d'un bicorne "faluche" de sable 
et d'une croix latine d'azur; chef d'azur à la silhouette
 d'une ville devant une chaîne de montagnes le tout d'argent,
surmontée d'un soleil d'or décalé à senestre". 
Support : une clé d'or en pal, le panneton en bas, contourné.
La chaîne montagne dominant La Rioja s'appelle "el Velazco






Province n° 4 : San Luis


"armoiries" de la province de San Luis


drapeau de la province de San Luis (depuis le 22 juin 1988)

Le drapeau d'état provincial est entièrement blanc chargé au centre des armoiries provinciales.

Les armoiries (non héraldiques) forment dans un écu elliptique un tableau avec au premier plan une prairie verte parsemée de cailloux et de buissons, et deux cerfs affrontés; au second plan, une chaîne de montagne, le tout au naturel, sur fond de ciel d'azur et un soleil figuré rayonnant d'or. Le tout est soutenu de deux branches de lauriers liées par un ruban aux couleurs nationales.  Cet emblème découle d'un sceau datant de 1836, les éléments ont été complétés en 1862/1865 (voir plus bas) et les couleurs définies en 1939. Les montagnes sont celles de las Sierras de San Luis. Les cerfs (venados en espagnol) sont des éléments parlants et identitaires : le territoire s'appelait auparavant "Punta de los Venados". Inutile de revenir sur le symbole du soleil, déjà vu.
armoiries de la capitale : San Luis
Un écu espagnol prolongé en chef par une forme de deux tours jumelles
rondes, crénelées ;sur champ de gueules une silhouette d'église d'argent
formée d'une coupole centrale et deux tours aux sommets arrondis 
surmontées d'une croix latine, ajourées du champ.
Cimiers : deux têtes de cheval au naturel (bais), 
soutiens: ornements végétaux,ou lambrequins de couleur non héraldique.
L'église représentée est la Cathédrale San Luis vueau niveau des toits.
(version "logotypée" des armoiries adoptées en 1985).



______________________________
Histoire de la Province de San Luis

premier sceau datant de 1836
nouveau sceau défini en 1862/1865





Province n° 5 : Córdoba

armoiries de la province de Cordoba


drapeau de la province de Córdoba (depuis le 16 décembre 2010)

Curieusement, ce drapeau est un des plus récents à avoir été adopté parmi les 23 provinces argentines, et cela en vue des célébrations du centenaire de la déclaration d'indépendance de l'Argentine. Réalisé à partir d'un concours, il est composé de trois bandes égales verticales rouge-blanche-bleue, chargé au centre d'un soleil d'or évidé. Les couleurs sont basées sur le drapeau dit "d'Artigas" et aussi en osmose avec celles des drapeaux des provinces voisines de Santa Fe et Entre Rios, unies dans la même région intégrée de Centro. Et à l'attention de mes compatriotes : il n'a rien à voir avec le drapeau français, même en cherchant bien !

armure de conquistador du XVIIe s.
 Les armoiries figurent parmi les plus anciennes du pays (voir plus bas), puisqu'elles remontent à l'époque de la fondation de la ville de Mendoza, par le conquistador Jerónimo Luis de Cabrera, en 1573. Après la Révolution de Mai 1810, elles ont subi de légères modifications, en particulier les drapeaux, qui étaient espagnols, sont naturellement devenus ceux de la fédération.
 La forme de l'écu est très particulière, et unique dans cette région du monde, tranche par rapport aux classiques écus elliptiques du pays. Elle découle non pas de l'usage classique de boucliers, mais du plastron des cuirasses, parties de l'armure protégeant la poitrine, portée par les conquistadors aux XVIe- XVIIe siècles.
 "Écu de gueules à la tour donjonnée d'argent, ajourée et ouverte du champ, maçonnée de sable, supportant sept drapeaux argentins aux couleurs azur et argent, flottants sur leur hampes de sable pointées d'argent, trois de chaque côté et un sur le sommet de la tour, terrassée de sinople avec deux rivières d'azur en fasce".
La tour fait référence à un fortin construit par les espagnols pour se protéger des attaques des populations amérindiennes. Les rivières sont les ríos Primero et Tercero.  L'origine des sept drapeaux est plus obscure : peut-être un rappel des sept villes déjà existantes lors de la fondation de Córdoba.
armoiries de la capitale : Córdoba
officialisées en 1955 sur la base du blason historique : 
très semblables à celles de la province,  elles sont néanmoins plus fidèles
 au dessin d'origine : "Écu d'or à la tour ronde perronnée et sommée d'une sphère
d'argent, supportant sept drapeaux argentins aux couleurs bleu ciel et argent,
 flottants sur leur hampes de sable pommetées du même, trois de chaque côté et 
un sur le sommet de la tour, plus grand, la hampe terminée par une pommette
et une pointe d'or, avec le drapeau débordant du sommet de l'écu ;
la tour soutenue par deux rivières d'azur en fasce l'une sur l'autre, 
la supérieure touchant la base de la tour".

______________________________
Histoire de la Province de Córdoba
très ancienne représentation des armoiries de Cordoba datée de 1573
 et dessinée sur un procès-verbal du cabildo (conseil municipal)
 à l'époque des conquêtes espagnoles.
 Il est attribué à l'écrivain Francisco Torres.

deux des possibles drapeaux, selon des témoignages divergents, de la province de Cordoba durant l'adhésion
 à l'Union desPeuples Libres, en 1815.
 le drapeau de la Ligue Fédérale (Unión de los Pueblos Libres
(1815-1820) appelé communément "drapeau d'Artigas".
projet de drapeau provincial datant de 1986, non adopté.
qui est la version verticale des bandes du drapeau de 1815;
accompagnant le soleil de Mai, est placée à droite la tour
donjonnée des armoiries de la province.






Province n° 6 : Santa Fe



armoiries de la province de Santa Fe




drapeau de la province de Santa Fe (depuis 1986)

Créé initialement en 1822 , ce drapeau a été "réadopté" en 1986 par le Gouvernement provincial. Ses proportions sont de 1:2. Il reprend les couleurs du drapeau "d'Artigas" rouge-blanc-bleu avec au centre deux flèches placées en sautoir et une lance en pal surmontées d'un soleil levant et entourée d'un anneau elliptique d'or portant le nom de la province.

Les armoiries s'inspirent toujours du modèle national, pour la forme générale et les couleurs du champ,  mais avec deux flèches en sautoir, pointes en bas et une lance en pal pointe en haut liées ensemble par un ruban noué de gueules; dix-neuf étoiles d'or disposées en orle. Une étoile correspond à un département. Les flèches dirigées vers le bas et la lance symbolisent les peuples indigènes vaincus par les conquistadors.




armoiries de la capitale : Santa Fe (peintes sur céramiques)
Les armoiries de la ville ont été adoptées en 1894, elles reprennent un grand 
nombre des symboles nationaux : les couleurs du champ : argent et bleu ciel,
 le soleil de Mai rayonnant, la pique surmontée du bonnet phrygien de gueules, 
la forme elliptique de l'écu, les branches de laurier et le ruban aux couleurs nationales.
La date de 1580 entre les rayons du soleil correspond à un fait historique local :
"la Révolution des 7 chefs" ; celle de 1810 en pointe est pour "la Révolution de Mai".
La figure nouvelle est un parchemin en forme de tables de la loi, comportant cinq dates :
1828, 1831, 1853, 1860, 1866, chacune (cliquer sur les dates) correspondant à la signature 
d'un traité ou une réforme importante de la Constitution argentine, établis à Santa Fe.

___________________________
Histoire de la Province de Santa Fe

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ancien drapeau de la province de Santa Fe en 1825

sceau de la province en 1815
sceau de la province en 1861

 


Province n° 7 : Entre Ríos


armoiries de la province de Entre Rios
 Entre Ríos se traduit par "entre les rivières". Le territoire se trouve situé en effet entre les fleuvesrío Paraná et río Uruguay qui forment l'estuaire nommé Río de la Plata.
drapeau de la province de Entre Ríos  (depuis le 5 mars 1987)

 Ce drapeau est cette fois directement inspiré par le fameux drapeau dit "d'Artigas" de 1815, que nous connaissons bien, maintenant. Ce même drapeau devint d'ailleurs celui de l'éphémère République d'Entre Rios (voir plus bas). Les couleurs actuelles sont néanmoins plus contemporaines, avec le bleu "celeste"(ciel) et le rouge "punzó"(rouge vif), symboles du fédéralisme argentin.

  Les armoiries datent de 1822 : un écu elliptique bordé d'un cordon torsadé d'argent, coupé de gueules et de sinople, les deux parties séparées par deux avant-bras droits de carnation mouvants des flancs, dont les mains se serrent au centre; au milieu du chef une étoile à cinq branches surmontée de l'inscription en arc de cercle : "PROVINCIA DE ENTRE RÍOS", le tout d'argent ; au milieu de la pointe un soleil figuré, d'or, avec seize rayons, en alternance droits et flammés, surmonté  par  l'inscription en arc de cercle: "FEDERACIÓN, LIBERTAD Y FUERZA" (Fédération, liberté et force) en lettres d'or; et une couronne de lauriers, dont les branches se croisant en pointe, brochant sur le tout, en orle.

"armoiries" de la capitale : Paraná
Un écu elliptique coupé en deux parties :
Nous retrouvons dans la partie supérieure, les éléments des 
armoiries provinciales : champ de gueules, avant-bras et mains
 serrées, mais vêtus jusqu'au coude et un champ d'azur en-dessous,
surmontés de l'étoile d'argent renversée ;
Dans la partie inférieure : ciel , nuages, une vue du fleuve Paraná 
 avec des bateaux navigant, des berges basses à dextre, une falaise
 à senestre, de sinople et une construction portuaire d'argent ouverte de sable.
Séparation : un bandeau en fasce portant le nom de la ville.
Timbre : une pique de bois avec un bonnet phrygien brochant
sur le soleil, ici réduit à un disque d'or, symboles nationaux.
Soutiens : un tronc d'arbre avec quelques branches et  feuillesà dextre ,
une ancre et sa gumène  appuyée sur la base du tronc
une gerbe de blé à senestre, et une pierre de calcaire, le tout au naturel,
un ruban noué aux couleurs du drapeau national.



___________________________
Histoire de la Province de Entre Ríos
 le drapeau de la République d'Entre Ríos (1820-1821), copie du drapeau d'Artigas, et l'emblème à droite
 qui représente une plume de nandou ( Rhea americana), oiseau typiquement sud-américain, voisin de l'autruche.

drapeau de la restauration de la Province d' Entre Ríos (1821-1822) appelé drapeau de Mansilla ,
 du nom de Lucio Norberto Mansilla, gouverneur de la province d'Entre Ríos , la bande centrale
 est chargée d'une version ancienne des armoiries actuelles de la province (à droite

drapeau de la Province d' Entre Ríos (1833),  appelé drapeau de
 Pascual Echagüe , du nom du gouverneur de la province
d'Entre Ríos de l'époque.




Voilà pour cette nouvelle exploration de l’Argentine héraldique .

Je vous donne rendez-vous pour un troisième et dernier volet, avec les ultimes huit  provinces du sud, à très bientôt  →  


Crédits :
en passant votre souris sur les photos et quelques autres images vous pouvez avoir la référence du document,
si ce n'est pas le cas alors : 
les blasons ou les drapeaux sont empruntés essentiellement aux sites :
es.wikipedia.org/wiki
heraldicaargentina.com.ar
heraldicaargentina.blogspot.fr
www.redargentina.com

 et quelques sites locaux : provinces ou municipalités
que je remercie chaleureusement...



                    Heral dico





Des enseignants attaquent deux vieux moines dans une commune des Alpes-Maritimes ! le Maire est scandalisé ...

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Ce titre rédigé à la manière des unes de tabloïds est un clin d’œil à une affaire qui est survenue
récemment dans une ville proche de Grasse, dans les Alpes-Maritimes : Peymeinade. Relayée par la presse locale (ci-dessous), elle a eu un impact non seulement dans le public de la région, mais parmi des amis héraldistes de grande renom qui ont pris leur plume pour exprimer leur désapprobation, le mot est faible, plutôt une grosse colère, car c'est leur activité intellectuelle, artistique et culturelle, sinon leur métier, qui est attaqué indirectement ! Je les comprends.
cliquer sur l'image pour agrandir et lire plus confortablement l'article du quotidien Nice-Matin daté du 9 février 2015
le blason incriminé : commune de Peymeinade (Alpes-Maritimes) :
"d’argent à l’écusson d’azur chargé d’une croix du champ, accosté et supporté
par deux moines affrontés de carnation, habillés d’une bure au naturel et posés
sur une terrasse isolée de sinople, celui de dextre tenant dans sa main dextre
une faucille renversée d’argent et celui de senestre tenant de sa main senestre
 une houe du même, le fer reposant à terre ".
  Ces braves moines qui font penser à un célèbre fromage (pardon, mais c'est trop bon !) qui pourrait bien lui aussi subir le même sort dans la cantine de ce collège, proviennent de l'ancienne Abbaye de Lérins, au large de Cannes et sont là depuis plus de cinquante ans sur les façades, le mobilier urbain et les documents de cette sympathique cité du pays de Grasse.



  Ils ne faisaient de mal à personne et voilà qu'on leur dit "vade retro", vous ne pénétrerez pas dans les écoles publiques de la commune. Enfin ce sont des enseignants qui se sont insurgés, brandissant les règles de laïcité dans les écoles de la République. On ne sait ce que pensent les parents d'élèves ! probablement une minorité est dans la même mouvance, les autres devant répondre qu'ils ont toujours vu ce blason ainsi, dans leur ville, qu'ils n'y font même plus attention, et que cela ne les choque pas davantage. Et donc le maire, attaqué au premier chef par l’invective, en reprenant les rôles de Don Camillo et Peponneà l'envers ! se défend avec courage et de bons arguments :

« Les bras m'en tombent »

Le maire sort de ses gonds : « Aujourd'hui, la laïcité est servie à toutes les sauces. Ce blason est une référence historique incontournable de la ville. On le voit partout. Et ça n'a jamais posé de problèmes. Si on en arrive là, je crains le pire. Franchement, c'est une tempête dans un verre d'eau, un faux débat, à moins d'avoir l'esprit affaibli !(...)Je ne céderais pas ! À ce compte-là, tant qu'on y est, pourquoi ne pas débaptiser tous les hameaux de Grasse, Saint-Antoine, Saint-Mathieu, Saint-François, etc. ? », s'emporte-t-il.



 Bon, l'incendie est semble-t-il circonscris à l'enceinte du domaine scolaire et n'est pas propagé ailleurs dans la ville, semble-t-il , à la mairie par exemple : c'est un moindre mal qui devrait se régler facilement avec l'usage d'un logo. La commune en a déjà un, nous le voyons sur le site internet officiel :


D'ailleurs à côté du logo, le blason communal, en silhouette transparente monochrome, a déjà été quelque peu auto-censuré semble-t-il, pour diminuer son impact visuel.

Si une révolte éclatait dans la ville contre ces pauvres moines victimes du dogme de la laïcité qui commence à empoisonner le vivre ensemble un peu partout, y compris avec les communautarismes, le conseil municipal pourrait revenir à son ancien blason, qui a peut-être été oublié :

premier blason de nouvelle commune de Peymeinade, créée en 1868,
extrait du livre"Armoiries et Institutions des communes des Alpes-Maritimes,
du Comté de Nice et de la Principauté de Monaco, de Pierre-Jean Ciaudo (éditions Alp'Azur, 1978)

  Mais il faudrait être sûr que l'adoption d'anciennes armes seigneuriales de l'Ancien régime ne pose pas de problème à nos défenseurs des valeurs de la République jacobins !

 L'incident n'est pas bien grave en soi, mais il dénote tout de même un gros malaise du vivre ensemble dans notre société multiculturelle et multi-cultuelle, y compris les athées, les agnostiques, les anarchistes, etc... L'hyper-médiatisation des actes et le buzz permanent n'arrangent rien à l'affaire

  Ceci dit, changer le blason historique d'une commune pour satisfaire les exigences, sans doute respectables, mais minoritaires de quelques personnes, pour des raisons de sensibilités religieuses, politiques, philosophiques ou culturelles, semble vain et voué à l'échec. Mais il y a eu des cas d'école  (exemple : la suppression récente de la tête de maure à Castelsarrasin, qui du coup perd son caractère d'armes parlantes).  Et pour la Corse, que fait-on ?
ancien blason de Catelsarrasin
(France, Tarn-et-Garonne)
nouveau et actuel blason de
Castelsarrasin
  Pour ce qui est de la création et de l'adoption de nouveaux emblèmes, blasons ou logos, mais plutôt des blasons évidemment, les collectivités locales, communes, associations, institutions publiques et mêmes des entreprises privées devront faire preuve de prudence à l'avenir, c'est ainsi, les temps changent et l’héraldique doit aussi s'adapter si on ne veut pas voir encore davantage de logos insipides orner les panneaux d'informations et le mobilier urbain.

  Il y a quelques années, j'avais écrit une chronique sur des faits similaires à ceux de Peymeinade, mais concernant l'adoption de tout nouveaux blasons, notamment à Pornic (44), voir → ICI  où la haine, l'intolérance et surtout la mauvaise foi, ou le manque de discernement sur l'importance du problème faisaient déjà froid dans le dos !

  En tout état de cause, il faut rappeler que pour la France, en application de la loi du 5 avril 1884, les communes disposent de la souveraineté totale en matière d'armoiries. La délibération du Conseil municipal, qui en aura accepté la composition, est l'acte officiel par lequel le blason communal acquiert son existence légale. Il s'ensuit que la description de ce blason, qui figure au texte de la délibération, devient la description officielle de ces armoiries.
 Pour la composition de son blason, la commune peut faire appel à tout érudit ou artiste de son choix. Il lui est recommandé de s'adresser à des dessinateurs de qualité, au courant des règles de l'héraldique. Les communes sont vivement invitées à s'adresser au directeur des archives de leur département, qui sera en mesure de leur apporter d'utiles précisions.
  La Commission nationale d'héraldique, dont le statut et la composition ont été précisés par décision ministérielle du 14 décembre 1999, est le seul organisme public à exercer officiellement une mission de conseil. Elle examine les dossiers qui lui sont soumis par les collectivités territoriales. Le cas échéant, elle propose à ces collectivités des modifications pour tenir compte des règles traditionnelles de l'héraldique, ou pour éviter, dans la mesure du possible, toute confusion avec d'autres blasons déjà existant. Son rôle demeure cependant seulement consultatif. Ses services sont évidemment sans frais.

Mais il existe d'autres commissions , avec un statut d'association loi 1901, qui conseilleront particuliers ,associations, collectivités, communes, contre le paiement de frais de dossier :
• au niveau national : le Conseil français d'Héraldique. 


• au niveau départemental,  par exemple dans le département de la Loire (42), mais il y en a dans d'autres département : la Conférence permanente d’héraldique de la Loire où siègent des artistes érudits de grand talent, il se reconnaitront !

 Voici encore, édité par la Commission nationale d'héraldique, ici → , un guide à l'usage des communes pour se confectionner un blason et des armoiries dans les règles de l'art. Elle est composée de sommités dans le domaine de l'histoire des symboles, des emblèmes et de l'héraldique tels que Michel Pastoureau ou Édouard Secrétan. A aucun moment dans ces lignes, il est préconisé aux conseils municipaux d'éviter les figures à caractère religieux, quelle que soit la religion concernée. C'est après, en délibération, selon la sensibilité des membres du conseil, avec l'assentiment de la population, c'est plutôt préférable, puisque c'est une image qui va représenter la commune, que les symboles et figures composant le blason devront être d'abord jugés recevables et convenables pour l'ensemble des contribuables.

La laïcité est certes un des piliers de la République française par les valeurs amenées par la Révolution de 1789 et les diverses lois votées pour la consolider jusqu'à ce jour. Mais il n'est pas possible culturellement de faire table rase du passé religieux de la France, qui est son patrimoine, dans ses armoiries territoriales, tout aussi bien que ses cathédrales ou ses palais royaux. 

Pour compléter l'information, voici les articles de presse et blogs sur Internet :
Nice-Matin
Nice-Provence Infos
Armorial de France, blog

Crédits :
blasons empruntés à (merci à eux)
- armorialdefrance.fr  (auteur : Daniel Juric)
- www.labanquedublason2.com ( auteurs : J-P. de Gassowski, Jean-Paul Fernon)




Top 10 des plus grandes villes de Suisse avec leurs blasons

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 Voici une nouvelle série consacrée à la découverte de l’héraldique civique, à travers divers pays du Monde. Le principe du "Top xx"  est très répandu dans les médias et sur Internet, pour recenser ce qui est le plus remarquable dans un domaine particulier. Je l'ai donc adapté à ce nouveau sujet qui nous permettra à la fois de découvrir ou réviser la géographie d'un pays choisi de manière aléatoire et dans le même temps de s'intéresser à sa diversité en matière de blasons ou emblèmes municipaux.

 Je commence par un pays de grande tradition héraldique en Europe : la Suisse.






Voici donc les 10 plus grandes villes en terme de population, en-dehors des agglomérations (chiffres : estimations fin 2013).




1 - ZURICH / Zürich

capitale (chef-lieu) du canton de Zurich - 372 047 habitants





2 - GENÈVE / Genf

capitale (chef-lieu) du canton de Genève - 191 557 habitants




3 - BÂLE / Basel

capitale (chef-lieu) du canton de Bâle-Ville - 166 173 habitants






4 - LAUSANNE

capitale (chef-lieu) du canton de Vaud - 132 626 habitants




5 - BERNE / Bern 

capitale fédérale de la Suisse et capitale (chef-lieu) du canton de Berne - 128 848 habitants.





6 - WINTERTHOUR / Winterthur

ville du canton de Zurich - 101 203 habitants





7 - LUCERNE / Luzern

capitale (chef-lieu) du canton de Lucerne - 77 491 habitants







8 - SAINT-GALL / Sankt Gallen

capitale (chef-lieu) du canton de Saint-Gall - 72 959 habitants





9 - LUGANO

ville du canton du Tessin - 55 060 habitants







10 - BIENNE / Biel

ville du canton de Berne - 53 031 habitants








A bientôt , pour un nouveau pays ...


          Herald Dick



Nouvel an chinois - 2015 - 农历新年山羊Année de la Chèvre

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新年快樂 !  - Happy new year ! - Bonne année !
ancien blason de la 
ville de Glarus(Suisse)
blason de la localité de
Grindavik (Islande)
blason de la localité de
Tyrvää (Finlande)
monnaie en or émise par la Chine - 2015 , avec un mouton (bélier)
et l'emblème national de la Chine sur le revers, à droite.
monnaie commémorative émise par la Chine - 2015 , ici c'est la chèvre ! 
  Le 19 février à 00h00 en France,  mais déjà quelques heures plus tôt en Extrême-Orient, à cause du décalage horaire, nous sommes passés de l'année du chevalà l'année lunaire de la chèvre ou du mouton.  L'astrologie chinoise en effet ne fait pas de différence entre ces deux espèces d'animaux, très proches, et qui font d'ailleurs partie de la même famille en zoologie : les caprins (Caprinae), comprenant : chèvres, moutons et aussi les mouflons, chamois et bouquetins.
 L'année du 羊 (yáng), le terme chinois du signe astrologique fait référence à cette famille d'animaux, sans distinction. 
 Il faut rajouter un caractère supplémentaire dans la langue chinoise pour apporter la précision sur l'espèce, dans le langage courant :  山羊 (shānyáng) = chèvre ou  绵羊 (miányáng) = mouton. Voilà pour l'explication du dilemme qui revient tous les 12 ans : année de la chèvre ou année du mouton ? 
série de timbres émis par la poste de Singapour pour la nouvelle année lunaire 2015
   J'ai choisi d'illustrer cette année la chèvre par les emblèmes héraldiques utilisant cet animal comme meuble principal. Mais c'est promis, dans 12 ans, si ce blog existe toujours :   je ferai l'autre facette du même signe astrologique : le mouton  !! et bêêh oui ...
timbres émis par l'île de Christmas (Australie) pour 2015
timbre émis par la Chine en 1991


ville de Kecskemét(Hongrie), armes
parlantes : kecske = chèvre en hongrois
  Carte d'identité de la chèvre :
Les chèvres sont des mammifères appartenantà la sous-famille des caprinés, famille des bovidés, ordre des artiodactyles. Elles forment le genre "Capra".

 Les chèvres sont adaptées aux environnements arides et escarpés. Elles mesurent en moyenne entre 60 cm et 1 m au garrot selon les espèces. Les cornes  sont portées par les deux sexes, et sont de forme variable (droites et torsadées, en lyre, enroulées…). Le dimorphisme sexuel est toutefois important : les mâles, appelés boucs, sont plus grands et massifs que les femelles, et ont des cornes beaucoup plus imposantes. Ils possèdent en outre sous le menton une barbiche caractéristique, qui peut être très longue. Adaptées aux milieux arides et montagneux, les chèvres ont des sabots à bords durs.

Pukkila(Finlande), armes parlantes :
  pukinpää = tête de chèvre en finnois
Comme tous les bovidés, les chèvres sont des ruminants. Elles se nourrissent d’herbes, de feuilles, de rameaux… Elles communiquent entre elles par des bêlements. Animaux agiles, championnes d'acrobatie, les chèvres effectuent des bonds entre les rochers, atterrissant ainsi sur leurs deux pattes avant. Évoluant avec aisance sur les corniches étroites et les à-pics les plus escarpés. On en a déjà vu traverser au milieu des parois bétonnées de barrages de montagne → ! Elles sont également capables de grimper dans les arbres. Nomades et grégaires, les chèvres vivent en troupeaux conduits par les femelles. Chez certaines espèces, les jeunes boucs quittent le groupe vers l’âge de 3 ans pour former des troupes de mâles célibataires. Seuls les vieux boucs sont solitaires ; ils jouent parfois le rôle de sentinelles ou d'éclaireurs aux alentours des troupeaux.

ville de Lublin(Pologne) - peut-être un des
 plus anciens blasons de ville avec une chèvre
 sceau de Lublin daté de 1401
À la saison des amours, les mâles s’engagent dans des affrontements rituels pour la possession des femelles : il s’agit de joutes frontales au cours desquelles les mâles se laissent retomber front contre front et entrechoquent leurs cornes. Bien que dégageant une impression de grande violence, ces combats ritualisés sont sans gravité pour les participants. La saison du rut s’étend de l’automne au début de l’hiver. La gestation dure cinq mois en moyenne. La femelle met au monde un ou deux jeunes au printemps. Les chevreaux sont rapidement capables de se déplacer avec le troupeau. Ils atteignent leur maturité sexuelle entre deux et cinq ans.

Chevroux  (Suisse), armes
parlantes (en fait : un bouquetin)
Les chèvres sont toutes originaires de l’Ancien Monde. On compte généralement 8 espèces sauvages, mais les spécialistes ne sont pas tous d’accord sur leur nombre. L’aire de répartition de la chèvre à bézoard, ou chèvre aegagre (Capra aegagrus), ancêtre probable de la chèvre domestique, couvre le sud-est de l’Europe (Italie, Crète), le Proche-Orient et l’est de l’Asie. La chèvre de Falconer, ou markhor (Capra falconeri) se rencontre en Asie centrale et méridionale. On trouve encore deux autres espèces dans le massif du Caucase, Capra cylindricornis et Capra caucasica. Enfin, le groupe des chèvres sauvages comprend également les bouquetins : dans les Alpes (Capra ibex ibex) et en Asie centrale (Capra ibex sibirica), Capra pyrenaica dans les Pyrénées, Capra walie en Éthiopie, Capra nubiana dans le nord-est de l’Afrique et dans la péninsule Arabique.

Arogno(Suisse)
une belle rencontre de bouc
  

Chèvres sauvages et bouquetins sont des espèces menacées. Elles souffrent de la dégradation de leur habitat, de la chasse, du développement des infrastructures touristiques, ainsi que de la compétition écologique avec les chèvres domestiques et de l’hybridation.
   La chèvre domestique (Capra hircus) descend très probablement de la chèvre à bézoard. Domestiquée, il y a environ 12 000 ans, elle est élevée pour son lait, pour sa peau qui sert à faire du cuir, pour sa fourrure utilisée pour confectionner des tapis ou des vêtements, et parfois pour sa viande.  Il en existe de nombreuses races à travers le monde. La chèvre du Cachemire fournit le textile commercialisé sous le nom de cachemire. La chèvre angora, au pelage fin et soyeux (mohair), est issue du croisement de la chèvre à bézoard et de la chèvre de Falconer (markhor).

 
l'extraordinaire markhor de l'Himalaya, ou chèvre de Falconer (Capra falconeri) avec ses cornes spiralées.


canton de Schaffhouse /  
Schaffhausen (Suisse)
  La chèvre en héraldique - I : 
La chèvre domestique en tant que symbole n'exprime pas réellement de vertu ou de qualité particulières dont les hommes pourraient s'affubler, à cause de sa rusticité, si ce n'est sa résistance et son habileté à se déplacer ou vivre dans les milieux arides ou escarpés. 
D'ailleurs se faire traiter "de chèvre" qui signifie "être nul en tout",  n'est pas très flatteur. Et "devenir chèvre" c'est s'impatienter et s'énerver au plus haut point, bref être un peu névrosé.
 Jakubovany(Slovaquie)
 Le bouc a bien davantage de personnalité, de par son statut de mâle, avec sa longue barbe, et sa virilité très souvent affichée (voir les animaux "vilenés" : munis d'un sexe d'une couleur différente, comme ci-dessus). Le bouc est depuis l'Antiquité gréco-romaine, très souvent associé à la lubricité, au sexe bestial, à la saleté et à la puanteur.  Certains démons et créatures mythologiques, comme les faunes, les satyres, le dieu Pan, au corps mi-humains mi-animaux, sont pourvus de sabots ou de cornes de bouc, sans oublier le Diable en personne, parfois représenté, au Moyen-Âge, avec pieds velus, sabots, barbe, cornes et queue de bouc. 
 Mais revenons à notre animal, le vrai. Pourquoi, au fait, avons-nous cette différence étymologique entre le mâle bouc et la femelle chèvre, une différence commune à de nombreuses langues européennes ? 
  Elle nous vient du latin médiéval buccus, issu du francique bukk ou/et du gaulois bucco, et plus généralement de la racine indo-européenne bhug (pour le bouc ou le bélier), qui a supplanté le latin caper, tandis que le féminin capra est resté, lui, qui a donné le mot chèvre.
  Le mot "bouc" français a son équivalent linguistique :  bock en allemand ou en suédois, bok en néerlandais, boc en catalan, bouc'h en breton, bwch en gallois, etc...  Pensez au springbok sud-africain, mot qui veut dire "bouc bondissant" en afrikaner, langue dérivée du néerlandais ! Mais en réalité, le springbok est une gazelle, de la famille des antilopes, pas une chèvre !

Comitat d'Istrie (Croatie)
Le Rove
  (France - Bouches-du-Rhône)
 
bouc de l'espèce provençale du Rove (voir le site →) aux cornes impressionnantes

 La chèvre n'a pas, à ma connaissance, de connotation spirituelle ou religieuse, à l'instar du mouton (avec l'agneau pascal). Elle n'est pas l'attribut de saints chrétiens célèbres à l'opposé du bœuf, du cochon, du chien, etc... ni un symbole particulier de la royauté ou de haute aristocratie comme l'hermine, la salamandre, le porc-épic. Mais , nous le verrons dans un prochain sujet, elle a accompagné de grands personnages historiques, pour une toute autre raison : la phonétique, par le biais des armes parlantes. C'est le cas également pour les communes, villes ou territoires, dont on a déjà entrevu quelques spécimens plus haut , et cela dans plusieurs langues. Voici une petite sélection des plus représentatives, dans la toponymie, avec la racine occitane cabr... ou franco-provençale chevr... :
Cabrières d'Aigues
(France - Vaucluse)
Cabries 
 (France - Bouches-d-Rhône)
Cabrières d'Avignon
(France - Vaucluse)
armoiries de la commune deChevroux( France - Ain)
belles armes parlantes avec rébus : chèvre + roue (de moulin) !
Cabris 
 (France - Alpes-Maritimes)
 En breton, une chèvre se dit "gavr" , et cela nous donne : 
Gâvres
 (France - Morbihan)
Dans la langue régionale alsacienne, la chèvre est appelée "geiss", un mot provenant du vieux haut allemand "geiz".

Geishouse
 (France - Haut-Rhin)
Geiswiller
 (France - Bas-Rhin)
Geispolsheim
 (France - Bas-Rhin)

Néanmoins, pour ces armes parlantes, ces villages n'ont pas forcément de rapport avec l'animal, la racine "Geis" provient d'une autre source toponymique, sauf peut-être pour Geishouse (Geiss haus, la maison des chèvres).

En allemand moderne la chèvre se prononce "die Ziege"  au singulier,  "die Ziegen"au pluriel.


Ziegenrück
 (Allemagne - Thuringe)
Ziegenhain (Schwalmstadt)
 (Allemagne - Hesse)
  Le second blason montre une curieuse bête composé d'un corps de coq ( Hahn en allemand, surmontée d'une tête de chèvre ( Ziege), illustrant parfaitement les armes parlantes. L'étoile provient quant à elle des armes des comtes : Graf von Ziegenhain, une ancienne maison noble de la Hesse et qui est à l'origine d'une autre curiosité de l'héraldique germanique : "der Ziegenkopfadler " (l'aigle à tête de chèvre) ou plus simplement "der Ziegenadler" (l'aigle - chèvre). Un corps d'aigle étant plus prestigieux et plus noble que celui d'un coq, on peut voir quelques spécimens spectaculaires répercutés par brisures dans les armoiries de villes ou de localités allemandes du land de Hesse :

Schwalmstadt
 (Allemagne - Hesse)
Gemünden (Wohra)
 (Allemagne - Hesse)
Gemünden (Felda)
 (Allemagne - Hesse)


Revenons aux langues latines, avec l'italien "capra" désignant la chèvre , ou "capro", le bouc :


Capracotta  (Italie - Molise)
Caprino Veronese(Italie - Vénétie)
Cabras  (Italie - Sardaigne)
Capraia e Limite  (Italie - Toscane)

Ma préférée dans la catégorie insolite, mais réaliste, car les chèvres sont bien capables de monter sur une échelle !:
Anacapriîle deCapri(Italie - Campanie)

 
L'Espagne et la Colombie  nous procurent de belles compositions héraldiques élaborées à partir du substantif espagnol "cabra", féminin et "cabro", masculin :
Cabra 
 (Espagne - Andalousie)
La Cabrera 
 (Espagne - Comm. de Madrid)
Castell de Cabres 
 (Espagne - Comm. de Valence)
Cabrero  
 (Espagne - Estrémadure)

Cabra del Santo Cristo
 (Espagne - Andalousie)
Cabrera, municipio
 (Colombie - Cundinamarca)



De même en portugais,  la chèvre se dit aussi  "cabra" :

Cabreira do Coa (Almeida)
 (Portugal - région Centre)
Cabreiros (Arouca)
 (Portugal - région Nord )
Cabreiros (Braga)
 (Portugal - région Nord )
Cabração 
(Portugal - région Nord )

 armoiries de la municipalité de Cabrália Paulista  (Brésil - état de São Paulo)


Enfin nous poursuivons le voyage linguistique des armes parlantes avec les pays d'Europe de l'Est et les langues slaves. Avec la racine issue du vieux slave "коза" (koza),  le mot désignant la chèvre se décline dans plusieurs langues, telles que le polonais avec "koza":

Kozłów 
 (Pologne- voïv. de Grande-Pologne)
Kędzierzyn-Koźle 
 (Pologne - voïvodie d'Opole)
Kozy, commune rurale
(Pologne - voïvodie de Silésie)

Koziegłowy commune rurale
(Pologne - voïv. de Grande-Pologne)
armes parlantes : głowy = têtes 


En langue tchèque également, le terme pour nommer la chèvre est "koza" et cela nous donne de très belles compositions de blasons héraldiques, jugez-en :

Kozojedy (Praha-východ) 
 (République Tchèque - Bohême)
Kozlovice
 (République Tchèque -  Moravie)
Kozojedy (Rakovnik) 
 (République Tchèque - Bohême)
Kožlí
 (République Tchèque - Bohême)
Kozomín
 (République Tchèque - Bohême)
Kožlany (Plzeň-sever)
 (République Tchèque - Bohême)

Kozlany (Vyškov) 
 (République Tchèque -  Moravie)



En russe, ou en ukrainien, le nom de la chèvre s'écrit "козел" (et se prononce kozel). 

Kozin / Козин
 (Ukraine - oblast de Kiev)
Kozova / Козова
 (Ukraine - oblast de Ternopil)
Kozelets / Козелец
 (Ukraine - oblast de Tchernihiv)


ancienne ville de Kozlov (1781-1932)
aujourd'hui : Mitchourinsk / Мичуринск
 (Russie - oblast de Tambov)

Kozlovka  / Козловка (Russie - République de Tchouvachie)
projets d'armoiries en cours d'adoption qui introduisent
dans notre bestiaire la chèvre marinée et la chèvre à deux corps !
.
Kozlovkoe selo / Козловское село
 (Russie - oblast de Volgograd)


Kozlovka  / Козловка
 (Russie - oblast de Voronej)


Enfin, pour terminer avec les armes parlantes sur une touche humoristique , voici un blason trouvé par hasard sur le net, dans un site "désencyclopédique", totalement barré et  parodiant l'excellent Wikipédia : ICI

le département des Deux-Sèvres
(France - Poitou-Charentes)



Une suite ou plusieurs volets sont envisagés à ce dossier pour aborder la chèvre en héraldique, et notamment dans la catégorie grandes armoiries, quand l'animal se trouve auusi dans les ornements extérieurs...



Allez,  bonne année... et ... bonne santé !!!



                Goat Dick
Année lunaire de la Chèvre 2015 par Google au Viêt-Nam

Heraldique analogies #05 - les blasons de l'alphabet grec

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 ßien évidemment, il était logique de donner une suite à la série formée à partir de l'alphabet latin dans les précédents chapitres → . Si les initiales ou groupes de lettres latines ne sont pas très rares en héraldique, elles ne figurent pas forcément parmi les figures les plus nobles dans le domaine du blason et dénotent plutôt une tendance à la facilité et au manque de créativité de son auteur ou de son propriétaire (voir mes sujets précédents).
  A contrario, les alphabets étrangers : grec, cyrillique, hébreu, arabe, chinois, etc..  sont beaucoup plus rares et exotiques, sauf bien entendu quelques exceptions dans les pays d'origine. Utilisés dans certaines configurations, ils apportent un peu de saveur dans le domaine austère des figures artificielles. 




Voici donc les 24 lettres de l'alphabet grec avec pour la plupart leur réutilisation comme meuble héraldique. Pour garder une certaine homogénéité, mais aussi parce qu'ils ont ma préférence, je ne me sers dans l'illustration du sujet que de blasons de collectivités territoriales : régions, villes, communes, localités diverses d'Europe.  Mais très certainement d'autres exemples pourraient être illustrés avec des armoiries de familles, de personnes ou d'institutions diverses, surtout religieuses ou universitaires.
blason de la ville de Marsala
(Italie, région de Sicile)

lettre Alpha majuscule et minuscule
lettre Bêta majuscule et minuscule 
lettre Upsilon majuscule et minuscule

Au-dessus du portrait d'Apollon et de son instrument : la lyre, figure l'inscription grecque : "ΛΙΛΥΒΑΙΤΑΝ" (Lilýbaitan), qui emploie nos trois lettres. Ce nom fait référence à l'ancienne cité antique fondée par les grecs : "Lilibeo" et située à l'emplacement de l'actuelle Marsala.




blason de la localité de Rauental
(Allemagne, land de Bade-Wurtemberg)
lettre Gamma majuscule et minuscule

blason de la commune de Kurtzenhouse
(France, département du Bas-Rhin)
blason de la localité de Rohrbach
(Allemagne, land de Rhénanie-Palatinat)
lettre Delta majuscule et minuscule
 Les trois blasons précédents montrent des "marques de village". Particularité dans ces régions bordant le cours du Rhin, ces marques étaient notamment gravées sur des bornes de pierre pour délimiter les terres appartenant au domaine foncier de ces villages.

Les deux écus suivants sont chargés d'une initiale "héllénisée" en remplacement de l'initiale latine:

blason de la localité de Ellmendingen
(Allemagne, land de Bade-Wurtemberg)
lettre Delta majuscule et minuscule


blason de la commune de Bad Zurzach
(Suisse, canton d'Argovie)
lettre Zêta majuscule et minuscule
blason de la ville de Squillace
(Italie, région de Calabre)
lettre Êta majuscule et minuscule

lettre Iota majuscule et minuscule
 lettre Nu majuscule et minuscule
 Au-dessus d'une quadrirème grecque voguant sur la mer et surmontée de la tête du dieu Mercure figure l'inscription grecque : “ΣΚΥΛΛHΤΙΩΝ” (SKILLETION) qui emploie nos trois lettres, le nom antique de la cité de Squillace.


blason de la localité de Zaisenhausen
(Allemagne, land de Bade-Wurtemberg)


lettre Thêta majuscule et minuscule


Ici encore, ce signe est une "marque de village" que l'on peut assimiler visuellement à une lettre grecque.


blason de la commune de Casacalenda
(Italie, région de Molise)


lettre Kappa majuscule et minuscule




Le curieux "K" de la ville italienne de Casacalenda vient de son nom antique, d'origine grec : Kalena. C'est donc une lettre "kappa".
source info: http://www.casacalendamontreal.com/associazione/?page_id=1026


blason de la commune de Ghedi
(Italie, région de Lombardie)


lettre Lambda majuscule et minuscule




  Voici à nouveau une curiosité de l'héraldique civique italienne : elle est partie  d'un écu "de gueules au chevron d'argent" pour des armoiries remontant au XVe siècle. Puis ce chevron s'est métamorphosé à la fin du XIXe siècle, alésé, en "V inversé" ou en lettre grecque "lambda" selon l'interprétation des historiens qui se sont penchés sur cette affaire sans qu'on ne sache vraiment la raison. En tout cas la lettre grecque n'a aucune signification en tant qu'initiale, qui correspondrait à la lettre latine "L".
source info: brochure "Il bianco scaglione, lo stemma del Comune di Ghedi nell’araldica civica lombarda delle origini" - auteurs :  Matteo Ferrari - Marco Foppoli.


lettre Mu majuscule et minuscule
lettre Omicron majuscule et minuscule









lettre Xi majuscule et minuscule
Les trois lettres précédentes n'ont pas trouvé de correspondances (pour le moment, mais je cherche...). J'ai bien évidemment voulu éviter la facilité en trichant avec les majuscules latines M ou O.

blason de la commune de Printzheim
(France, département du Bas-Rhin)


lettre Pi majuscule et minuscule



blason du municipio de Buñuel
(Espagne, province de Navarre)
Lettre Rhô majuscule et minuscule

Lettre Chi majuscule et minuscule

 Le blason ci-dessus porte un "chrisme d'or", symbole chrétien formé des deux lettres grecques Χ (chi) et Ρ (rhô), la première apposée sur la seconde. Ce sont les deux premières lettres du mot grec Χριστός (le Christ) Il est reconnu universellement comme le monogramme du Christ et est souvent représenté dans les arts. Ici il est accompagné des lettres A (Alpha) et ω (Oméga). Ces lettres, qui encadrent l'alphabet grec, symbolisent la totalité : le commencement et la fin.




blason de la ville de Vitebsk
(Biélorussie)


Lettre Sigma majuscule et minuscules
  Le blason de Vitebsk a la particularité de représenter le profil du Christ (depuis le XVIe siècle), soutenu par une épée en fasce dont la lame de gueules signifie qu'elle est ensanglantée. C'est une image plutôt rare en héraldique civique et qui serait difficilement envisageable ailleurs, comme par exemple dans une commune de France, avec ses lois et principes de laïcité républicaines très sensibles politiquement.
  Les initiales mises de part et d'autre du portrait sont une autre forme du monogramme christique, composé des premières et dernières lettres des termes grecs  "ΙΗΣΟΥΣ ΧΡΙΣΤΟΣ" (Jésus Christ). Le signe : ~ (appelé titulus), posé au-dessus est une technique ancienne d'écriture abrégée pratiquée couramment dans les manuscrits médiévaux pour remplacer une ou plusieurs lettres dans un mot sans altérer sa compréhension en lecture (une antique forme de langage SMS bien avant notre époque, en quelque sorte !).

  
blason de la ville de Toul
(France, département de la Meurthe-et-Moselle)


Lettre Tau majuscule et minuscule





blason de la commune de Fegersheim
(France, département du Bas-Rhin)


Lettre Phi majuscule et minuscule

Pour les communes de Printzheim, Toul et Fegersheim ci-dessus, l'initiale de chacune a été "héllénisée".


lettre Psi majuscule et minuscule
Phi n'a pas trouvé de correspondance dans l'héraldique civique.

blason de la commune d'Arveyres
(France, département de la Gironde)
Lettre Oméga majuscule et minuscule







Dans le blason d'Arveyres, fautif au niveau des couleurs (émaux sur émail), la lettre "oméga" n'a pas d'autre signification que de représenter visuellement un méandre de la rivière Dordogne qui borde la commune et dans laquelle nagent des aloses : les deux poissons d'argent qui chargent la figure. La grappe de raisin évoque le vignoble, nous sommes dans la région de Bordeaux, et la croix rappelle l'existence d'une ancienne commanderie des Templiers rattachée à l'Ordre des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem et dont il reste des ruines.

Le chapitre suivant des analogies sera aussi surprenant, à bientôt...


Crédits :
•blasons :
 http://commons.wikimedia.org/wiki/
 http://armorialdefrance.fr (dessins Daniel Juric)
 http://www.labanquedublason2.com/  ( dessin Jean-Paul Fernon)
 et les livres :
 L'armorial des communes du Bas-Rhin - Archives départementales Bas-Rhin (1995)
 Blasons des communes de la Gironde - Jean-Jacques Déogracias, Les Dossiers d'Aquitaine (2003)



•lettres grecques :
http://fr.wikipedia.org/


      Herald Dick




l'Armorial de La Planche - 1669 - Gouvernement de Guyenne - Sénéchaussée du Rouergue

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 S   uite de la visite d'un des plus anciens manuscrits répertoriant des armoiries de villes et de villages de France, dessinées à la plume et peintes à l'aquarelle, antérieur de trois décennies  à l'Armorial Général de France de Charles d'Hozier !  Voir la description initiale : →

Nous poursuivons avec la découverte du Gouvernement Général de Guyenne. Nous l'avons abordé les dernières fois, il est composé de nombreux anciens duchés ou comtés rattachés les uns après les autres au royaume de France, le tout dernier étant le Béarn, acquis en 1620 par un Édit de Louis XIII.  Ces entités administratives du royaume sont découpées en généralités et en sénéchaussées (pour le sud du pays). Nous allons découvrir le onzième chapitre de ces sénéchaussées : le pays du Rouergue, composé des anciens Comtés du Rouergue et de Rodez, dépendances des Comtes de Toulouse avant le rattachement à la couronne de France. Cet ensemble géographique correspond globalement au département actuel de l'Aveyron, augmenté d'un petit territoire dans le Tarn-et-Garonne : le canton de Saint-Antonin-Noble-Val.

  Revenir à l'épisode précédent →


Voici l'extrait d'une carte datant de la fin du XVIIIe s. , donc postérieure d'un an, mais sur laquelle j'ai reconstitué les limites administratives de notre région :
 Vous pouvez cliquer sur toutes les images pour les agrandir










Les fragments de manuscrits proviennent toujours du Volume II. Pour enrichir l'étude, j'ai mis en bonus l'extrait équivalent (quand il existe) dans l'Armorial Général de France*  (1696-1711), établi par Charles-René d'Hozier, et comme auparavant, j'ai placé le blason actuel en-dessous, pour comparer les différences ou au contraire la constance des figures dans le temps.

(*) Armorial Général de France - volume XIV - Généralité du Languedoc - tome I
   Armorial Général de France - volume XV - Généralité du Languedoc - tome II ( BNF Paris)

Rodez (Aveyron)

 Le blason de Rodez est basé sur des armes parlantes : roues = rodas en occitan. Le chef aux fleurs de lis a été accordé en 1596 par le roi Henri IV. Il n'en demeure pas moins que les figures circulaires sensées être des roues sont passées par tous les états : on trouve des roues pleines d'or comme actuellement, parfois des roues à rayons (Wikipédia), ou encore des annelets, selon Robert Louis, expliquant que ce sont des "bandages de roues", ou bien de simples besants d'or, comme avec d'Hozier, ci-dessus, toujours au nombre de trois, mais avec en plus une partition verticale ! Et enfin, plus surprenant encore : nous trouvons encore des meules d'argent, comme le décrit ci-dessus Pierre de La Planche. Autant de variétés pour des figures devant illustrer de simples roues en font un cas exceptionnel d'errance héraldique à travers les siècles !




Millau (Aveyron)

En 1185, Alphonse II, roi d'Aragon, donne en apanage à son second fils Alphonse II Béranger, le comté de Provence et la vicomté de Millau. Et en 1187, il concède à la ville le droit de porter les armes d'Aragon. Voila pourquoi, la ville de Millau a pour armoiries un écu d'or à quatre pal de gueules. Quand la vicomté fut rattachée à la Couronne de France, en 1258, la ville de Millau augmenta ses armoiries d'un chef d'azur à trois fleurs de lys d'or. La ville perpétue donc depuis plus de 760 ans, sur son blason, les couleurs de l'Aragon et de la France, jusqu'à aujourd'hui :  une constance vraiment exceptionnelle.
Par ailleurs, vous pouvez constater sur le manuscrit une ancienne dénomination de la ville, écrite : Milhaud.






Villefranche - de - Rouergue  
(Aveyron)

C'est une évidence, le Père de La Planche n'avait plus de rouge ! le marchand de couleurs du quartier était sans doute fermé et il est passé à autre chose ... et puis il a finalement oublié de finir le travail, ou un évènement l'a empêché de le faire. Bien sûr ce n'est qu'un scénario , mais on peut y croire, n'est-ce-pas ?




[_)-(_]

D'autres lieux ou villes sont juste décrits par le texte, sans blason ni mention s'y rapportant :

- avec un contour de blason vide, sans description : Saint-Antonin (-Noble-Val), (dépt du Tarn-et-Garonne), Vabres, Saint-Affrique.
- sans blason ni mention s'y rapportant :  Le Pont de Camarès, Saint-Ysery (Saint-Izaire ?), Saint-Georges, Roquefort, Creissels, Compeyre, Saint-Rome-de-Tarn, Saint-Sernin, Sauveterre (-de-Rouergue), Rieupeyroux, Peyrusse, Marcillac, Najac, Villecomtal, Entraygues (-sur-Truyère), Saint-Geniez (-d'Olt), Aubrac.

# cependant, quelques années plus tard, certaines villes (en gras, ci-dessus) ont été enregistrées et blasonnées dans l'Armorial Général de France (certains de ces blasons sont toujours d'actualité aujourd'hui, à quelques détails près ) :









A bientôtpour une nouvelle série ... →


Crédits :
les blasons "modernes" sont empruntés  à :
http://armorialdefrance.fr/


  Et je remercie particulièrement les personnes responsables de la Bibliothèque et des Archives du Musée du Château de Chantilly :  http://www.bibliotheque-conde.fr/


             Herald Dick 

Top 10 des plus grandes villes de la République Tchèque avec leurs blasons

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 Voici une nouvelle série consacrée à la découverte de l’héraldique civique, à travers divers pays du Monde. Le principe du "Top xx"  est très répandu dans les médias et sur Internet, pour recenser ce qui est le plus remarquable dans un domaine particulier. Je l'ai donc adapté à ce nouveau sujet qui nous permettra à la fois de découvrir ou réviser la géographie d'un pays choisi de manière aléatoire et dans le même temps de s'intéresser à sa diversité en matière de blasons ou emblèmes municipaux.

 Je poursuis par un nouveau pays d'Europe qui aime l'Héraldique : la République Tchèque.




Voici donc les 10 plus grandes villes en terme de population, en-dehors des agglomérations (chiffres : estimations fin 2013).





1 - PRAGUE / Praha

capitale de la République Tchèque et capitale (chef-lieu) de la région de Prague - 1 246 780 habitants









2 - BRNO 

ancien nom : Brünn
capitale (chef-lieu) de la région de Moravie du Sud - 378 327 habitants











3 - OSTRAVA 

ancien nom : Mährisch Ostrau
capitale (chef-lieu) de la région de Moravie-Silésie - 297 421 habitants










4 - PLZEŇ 

ancien nom : Pilsen
capitale (chef-lieu) de la région de Plzeň - 167 472 habitants











5 - LIBEREC

ancien nom : Reichenberg
capitale (chef-lieu) de la région de Liberec - 102 113 habitants










6 - OLOMOUC

ancien nom : Olmütz
capitale (chef-lieu) de la région d'Olomouc - 99 471 habitants









7 - ÚSTÍ NAD LABEM

ancien nom : Aussig
capitale (chef-lieu) de la région d'Ústí nad Labem - 93 747 habitants










8 - ČESKÉ BUDĚJOVICE

ancien nom : Böhmisch Budweis
capitale (chef-lieu) de la région de Bohême du Sud - 93 467 habitants










9 - HRADEK KRÁLOVÉ

ancien nom : Königgrätz
capitale (chef-lieu) de la région de Hradec Králové - 93 035 habitants











10 - PARDUBICE

ancien nom : Pardubitz
capitale (chef-lieu) de la région de Pardubice - 89 467 habitants









- On aura remarqué et reconnu au passage, dans ces quelques blasons :
• le lion d'argent à queue fourchue, couronné, armé et lampassé d'or, sur champ de gueules de l'ancien Royaume de Bohême.
• l'aigle échiquetée d'argent et de gueules, becquée,  membrée et couronnée d'or sur champ d'azur des anciens Margraves de Moravie.
• l'utilisation fréquente des murs, portes de ville et tours de fortifications, que l'on nomme improprement "châteaux" y compris dans le langage héraldique. Ils sont une caractéristique récurrente de l'héraldique municipale en Europe centrale, héritée des anciens sceaux de villes qui circulaient au Moyen-Âge (voir un de mes anciens articles ici →

- Le blasonnement des armes de Brno, d'apparence fort simples, pose un problème.
On ne peut pas parler de "fascé" car la première fasce est réduite à la moitié de la hauteur des autres. N'ayant pas trouvé la description héraldique officielle, je propose : "de gueules à la fasce d'argent abaissée et au chef diminué de moitié, du même".

- Pour finir, je vous promets un jour de décrypter l'énigmatique blason de Plzeň, avec les clés, la demi-aigle tenue par le chevalier en armure, le chameau et le lévrier, sans oublier l'écusson central qui comporte encore d'autres personnages ... un résumé imagé de l'histoire de cette ville.







A bientôt , pour un nouveau pays ...
Et pour revoir le pays précédent ... → ICI



          Herald Dick











Prag Brunn Plzen Olmutz Usti nad Labem Ceske Budejovice Bohmisch Budweis Hradek Kralove Koniggratz

Zoo héraldique #17 : la Chèvre en héraldique à travers les siècles (2ème partie)

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Le 19 février dernier nous avons donc commencé la nouvelle année lunaire de la Chèvre, selon le calendrier chinois (voir mon sujet spécial "Nouvel an chinois").  Pour cette occasion, j'ai voulu mettre à l'honneur cet animal par sa figuration en héraldique, en particulier parmi les nombreuses armes parlantes de villes ou de territoires. 
 Cette fois, nous allons élargir le sujet à la représentation de la chèvre plus globalement dans les armoiries de personnages, de familles, de communautés, de provinces ou même d'états, à toute époque et à travers le monde. Un voyage étonnant et instructif à la fois...

  Pour débuter, nous allons visiter quelques pages parmi les plus remarquables des innombrables armoriaux de l'Empire germanique, plus spécialement ceux des XVe, XVIe et XVIIe siècles, très bien conservés. On y trouve magnifiquement dessiné et peint en couleurs tout un bestiaire d'animaux réels ou fantastiques. Et notre chèvre ou son compagnon le bouc, ne sont pas oubliés, aussi bien comme figure principale du blason ou en ornements extérieurs (cimiers), et très souvent les deux ensembles ...

Von Gislenhart - Souabe 
Armorial de Scheibler- folio 173
Von Turn - Bavière 
Armorial de Scheibler- folio 369

Von Merchenberg et Von Scherpparg - Armorial de Wernigerode
Von Rochow - Wappenbuch des Westphälischen Adels
(Rhénanie-Westphalie - Allemagne)
.
cliquer sur le lien ci-dessous pour lire la suite :

.
Von Hochenembs (Hohenems) - Souabe 
Armorial de Scheibler- folio 100
Von Pfählhain (Pfalheim) - Souabe 
Armorial de Scheibler- folio 245
Von Bodman et Von Ems (Hohenems) - Armorial de Wernigerode
portrait de Kaspar von Hohenems (1573-1640) , comte d'Empire
Von Bodman - Souabe 
Armorial de Scheibler- folio 72
Von Stainhaimb - Souabe 
Armorial de Scheibler- folio 287
Von Mosheimer et Von Stainhaimb Armorial de Wernigerode
Die Boxauwer (von Poxau) - Bavière
Armorial de Scheibler- folio 390
Die Trauner - Bavière
Armorial de Scheibler- folio 366
Von Sickingen (de sable aux cinq besants d'argent) ,  Böcklin (von Böcklinsau) (de gueules au bouc saillant d'argent) 
 et Von Bock (également "de gueules au bouc saillant d'argent" mais plus velu et muni d'organes virils proéminents !)
Sammelband Mehrerer Wappenbücher - extrait du 25e folio du 2e livre.
Weißbeckh von Eberspach - ?
Armorial de Scheibler- folio 503
Von Hummelberg - Walgau (Autriche)
Armorial de Scheibler- folio 555
Von Guetenstain
Armorial de Valvasor - extrait du folio 120
Von Sibeneckh
Armorial de Valvasor - extrait du folio 164
Von Moshaim
Armorial de Valvasor - extrait du folio 185
 Einpacher
Armorial de Valvasor - extrait du folio 224
Hohenembs
Armorial de Valvasor - extrait du folio 271

Nous passons à une autre époque et une autre forme d'aventure chevaleresque : les découvreurs, navigateurs et conquistadors de la péninsule ibérique :



Armoiries familiales de Pedro Álvares Cabral
"d'argent à deux chèvres passant de pourpre, l'une sur l'autre"
gravure : História da colonização portuguesa do Brasil
 Biblioteca Nacional (Lisbonne, Portugal)
Pedro Álvares Cabral (1467 - 1520)
navigateur portugais, successeur de Vasco de Gama, considéré comme le découvreur du Brésil, en 1500
gravure : Biblioteca Nacional (Lisbonne, Portugal)
Armoiries de la maison de Cabral (ici écrit Cabraes) , une des 72 peintures avec blasons
représentant la noblesse portugaise, ornant la voûte de l’extraordinaire Salle des Blasons
du Palais de Sintra, au Portugal, œuvre réalisée pendant le règne du roi Manuel Ier (1495-1521)
Les blasons sont tous "accrochés" au cou d'un cerf, et la figure du cimier replacée entre ses ramures 
(Sala dos Brasões, Palácio Nacional de Sintra , Portugal , voir video →)

 Senhor (Chefe) Serresende (Baião Resende)
Livro da Nobreza e Perfeiçam das Armas -
António Godinho - extrait du folio 12v
Baião (Bayam)
Livro da Nobreza e Perfeiçam das Armas -
António Godinho - extrait du folio 42r
 vicomtes de Cabrera
(grande maison originaire de Catalogne)
Armas de los Condes, Vescondes, etc... de Cataluña,
de Castilla , de Portugal - folio 10
Baronía de Bellera (noblesse de Catalogne)
Armas de los Condes, Vescondes, etc.. de Cataluña,
de Castilla , de Portugal - folio 32


Jerónimo Luis de Cabrera (1538 -1574) 
conquistador espagnol, fondateur des villes de
San Jeronimo de Valverde, actuelle Ica, au Pérou
 et de Córdoba, en Argentine.
Armoiries des conquistadors du XVIe siècle :
 Jerónimo Luis de Cabrera
document : Congreso Iberoamericano de las Ciencias
 Genealogica y Heraldica ( Quito - Équateur, 2011)

 Dans les îles britanniques, quelques maisons célèbres sont associées à la race caprine :
Armoiries des Barons Bagotde Blithfield Hall, Staffordshire (Royaume-Uni)
chèvres de la race "Bagot"élevées à  Levens Hall Park (Cumbria , Royaume-Uni). Ces jolies chèvres blanches avec le cou et la tête noirs seraient les descendantes de spécimens ramenés lors du retour des Croisades en 1380 à Blithfield Hall et offertes à son seigneur : John Bagot, dont elles ont pris le nom. Elles proviendraient de la haute vallée du Rhône, dans les Alpes suisses, et non pas du Moyen-Orient !
gravure des armoiries des Barons Bagot réinterprétées de façon non académique
Armoiries de la famille  Chevers ou Shivers, originaire d'Irlande et ayant immigré en Amérique.
La souche familiale provenant de Normandie en France avant le XIe siècle , nous obtenons logiquement
des armes parlantes par le mot français "Chèvre"

 Pour finir, voici quelques exemples remarquables venant des pays slaves ou caucasiens.

armoiries d'une lignée de l'ancienne famille aristocratique de l'Empire russe : les  Kozlov
 
 nous savons depuis le précédent volet qu'il s'agit d'armes parlantes :
 le nom de la chèvre s'écrit "козел" (et se prononce kozel)

blason de la Principauté d'Abkhazie (1463~1570) 
dépendance féodale de l'ancienne Iméréthie (Géorgie)
 dessin extrait de l'Atlas géographique du prince géorgien
Vakhushti Bagrationi (début du XVIIIe siècle)



  Tout n'a pas été encore dit sur notre sympathique animal, qui a su gagner sa place dans les plus beaux manuscrits armoriés et par certaines œuvres artistiques en général, par l'entremise de quelques lignées dynastiques européennes qui avaient choisi la chèvre ou le bouc comme symbole.  
Nous verrons encore la prochaine fois d'autres emplois  de notre bête à cornes en héraldique, à bientôt ...




Crédits :


armoriaux :
- Scheiblersche Wappenbuch - de 1450 au XVIIe s. (Bayerische Staatsbibliothek Munich, Cod.icon. 312 c.)
- Wappenbuch des Westphälischen Adels - Max von Spießen (Hrsg.) - 1901/1903 -  C.A. Starke Verlag Görlitz
- Wernigeroder  Wappenbuch - fin XVe s.  (Bayerische Staatsbibliothek Munich, Cod.icon. 308 n.)
- Sammelband mehrerer Wappenbücher - v. 1530 (Bayerische Staatsbibliothek Munich, Cod.icon. 391)
- Opus Insignium Armorumque - Janez Vajkard Valvasor - 1687/1688 (Bibliothèque nationale et universitaire de Zagreb, Cod. Mr 160.)
- Livro da Nobreza e Perfeiçam das Armas - Antonio Godinho - 1521 (Arquivo Nacional da Torre do Tombo- Lisbonne)
- Armas de los Condes, Vescondes, etc... de Cataluña,de Castilla , de Portugal - XVe/XVIe s. - (Bayerische Staatsbibliothek Munich, Cod.icon. 290)

autres documents :
xviiragquito.blogspot.fr/2011/09/los-escudos-de-esthersita.html
freepages.genealogy.rootsweb.ancestry.com/~palsgaard/shivers/shivers.htm
noblerussia.wordpress.com/news/page/3/
commons.wikimedia.org/wiki/File:Prince_Vakhushti_Bagrationi.sakartvelos_atlasi.jpg


       knjiga grbova herald dick jedini
 

Philatélie et héraldique : rétrospective France - 10e partie

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Blasons "cachés" dans les timbres commémoratifs de France, entre 1980 et 2010.


Si le premier timbre émis en France date de 1849, c'est au cours de l'année 1859 que l'Aigle impériale apparait pour la première fois comme motif héraldique sur des timbres français (voir cet épisode spécial → ) et par la suite il faudra attendre l'année 1937 pour voir apparaître enfin le premier blason sur un timbre, très discret, dans un coin !...  (voir ici → )

Nous poursuivons l'inventaire des timbres émis en France en rapport avec l'héraldique. Mais c'en est fini avec l'emblématique et superbe série des timbres dédiés aux blasons des provinces et des villes de France. Désormais, il faut chercher dans les éléments secondaires qui composent le timbre. Certains sont néanmoins bien mis en évidence, d'autres visibles seulement à la loupe ! Mais, hélas il faut bien constater que la moisson devient de plus en plus rare. Durant trente ans, des centaines de timbres et autres produits philatéliques sont sortis de l'Imprimerie des Timbres-postes et seulement huit d'entre eux peuvent avoir une raison de figurer dans un thème "Héraldique" ! La France, qui est pourtant un des berceaux historiques de la discipline depuis sa naissance au milieu du XIIe siècle, et inventeur de la langue du blason,  se montre vraiment très ingrate par rapport à la richesse de son patrimoine historique et artistique. Mais il y a des raisons d'espérer, avec de belles choses qui sont sorties ces dernières années de l'imprimerie de la Poste, et que vous pouvez retrouver dans ma rubrique permanente des nouveautés  "Philatélie" et ses archives ....



N° 2307  - année 1984
(Numérotation Yvert & Tellier) 

450ème anniversaire du premier voyage au Canada de Jacques Cartier, natif de Saint-Malo, en Bretagne.

Émission commune de la France et du Canada.

Dessinés par Yves Paquin
et gravés par
Claude Haley


ancien blason de la ville de Saint-Malo
"de gueules au dogue d'argent rampant"




carte postale philatélique du Canada illustrée
d'après un tableau de Théophile Hamel représentant
l'arrivée de Jacques Cartier à Stadaconé (l'actuelle Québec).
Avec les armes actuelles de Saint-Malo en haut à droite










Armoiries modernes de la ville Saint-Malo :
les chiens du guet (dogues) sont les supports de l'écu






N° 2495 - 1987

Série touristique :
Montbenoit
et le pays
(la République) du Saugeais
(Franche-Comté).

Dessiné et gravé par
par Jean Delpech








N° 2552 - 1988

Célébration des 2000 ans
de Strasbourg - Argentoratum,
est son nom latin.



Dessiné par Louis Arquer
et gravé par Eugène Lacaque




 





N° 2588 - 1989

Série touristique :
village de Malestroit
(Morbihan).




Dessiné et gravé par
par Cécile Guillame.



blason de la commune de Malestroit























N° 3251- 1999

Série touristique :
800e anniversaire de 
la Jurade de
Saint-Émilion
détail du sceau  : côte à côte,
les armes de France et d'Angleterre
(Gironde).






Dessiné par Odette Baillais
et gravé par André Lavergne

La Jurade fut instaurée en 1199 par Jean sans Terre, roi
d’Angleterre. Ce dernier délégua ses pouvoirs économique,
politique et judiciaire, à des notables et des magistrats
 afin de gérer l’administration générale de la cité.
En échange de ces privilèges accordés, l’Angleterre put
jouir du « privilège des vins de Saint-Émilion ».
L’autorité de la Jurade perdura jusqu’à la Révolution
française en 1789.



Depuis 1948, les viticulteurs réunis au sein du syndicat viticole on ressuscité la Jurade sous la forme d’une confrérie,
qui est l’ambassadrice des vins de Saint-Émilion à travers
 le monde, avec pour ambition de garantir l’authenticité et
 la qualité de ses vins. Des festivités sont organisées chaque année .
Défilé des membres de la Jurade devant les ruines de l'église de l'ancien Couvent des Dominicains





BF N° 64 - 2003

Série des capitales européennes: Luxembourg


Dessiné par Jean-Paul Véret-Lemarinier
Graphisme par Valérie Besser - héliogravé







BF N° 88 - 2005

Série des capitales européennes: Berlin


Dessiné par Pierre-André Cousin
Graphisme par Valérie Besser - héliogravé
















N° 4282- 2008

Cinquantenaire de la Ve République
Portrait de Charles de Gaulle
Constitution de 1958 avec le sceau de la République française.


Graphisme par Bruno Ghiringhelli
 - héliogravé 

Le Grand Sceau de France est le sceau officiel de la République française.
 Il est l'œuvre de l'artiste graveur Jacques-Jean Barre (1793-1855),
 bien connu des philatélistes .

Marque distinctive et signe d'autorité, le sceau est détenu au Moyen Age et sous l'Ancien Régime par les différents pouvoirs civils ou religieux et par le roi lui-même. Aujourd'hui l'usage du sceau n'est réservé qu'à des occasions solennelles comme la signature de la Constitution et éventuellement ses modifications. Le sceau actuel de la République est celui de la IIème République, frappé en 1848.
Un arrêté du 8 septembre 1848 définit le sceau de la IIème République, encore utilisé de nos jours. Le graveur des monnaies, Jacques-Jean Barre, exécute le nouveau sceau de l’État sans respecter exactement les termes du décret, notamment l'emplacement des inscriptions. Une femme assise, effigie de la Liberté, tient de la main droite un faisceau de licteur et de la main gauche un gouvernail sur lequel figure un coq gaulois, la patte sur un globe. Une urne portant les initiales SU rappelle la grande innovation que fut l'adoption du suffrage universel direct en 1848. Aux pieds de la Liberté, se trouvent des attributs des beaux arts et de l'agriculture.
Le sceau porte comme inscription "République française démocratique une et indivisible" sur la face et au dos deux formules "Au nom du peuple français" et "Égalité, fraternité". La mention « 24 FEV. 1848 » (date de la proclamation de la IIe République par Lamartine) qui figurait sous le socle de la statue : elle a été effacée, probablement vers 1878.
  Le contre-sceau (envers du sceau) comporte les mots « AU NOM DU PEUPLE FRANÇAIS » entourés d'une couronne de chêne et de laurier noués par des épis de blé et des grappes de raisin et de la mention circulaire « ÉGALITÉ, FRATERNITÉ, LIBERTÉ »..
 Les IIIème, IVème et Vème République ont repris le même sceau. Sous la IVème République, il semble que seule la Constitution ait été scellée. Depuis 1958, la Constitution et certaines des lois constitutionnelles qui la modifient ont fait l'objet d'une mise en forme solennelle, avec sceau de cire jaune pendant sur un ruban de soie tricolore. Tel a notamment été le cas de la loi constitutionnelle n° 2008-724 du 23 juillet 2008 de modernisation des institutions de la Ve République.
La presse servant à établir le sceau est conservée dans le bureau du ministre de la justice qui porte toujours le titre de "Garde des sceaux"
. source texte : http://www.elysee.fr/

Page titre et pages des signatures de la Constitution française de 1958 ,  avec le sceau de France , recto et verso, conservée  aux Archives Nationales à Paris.



À bientôt pour la suite de ce thème  ... 




                 Herald Dick 

Capitales du monde : Belgrade

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 Retour à la série de monographies consacrées aux emblèmes des capitales d'états, commencée il y a maintenant plus de deux ans. Nous revenons en Europe pour étudier un blason qui va nous faire voyager à travers les siècles. Les capitales des pays balkaniques sont peu proposées dans les circuits touristiques européens, à la différence de leurs célèbres voisines telles que Vienne, Budapest ou Prague. Pourtant Belgrade figure parmi les plus anciennes cités d'Europe et mérite davantage d'intérêt. Alors allons-y !  


   En Serbie, depuis 1991, et l'éclatement de l'ex-Yougoslavie communiste, l'héraldique territoriale est encadrée par la Српско хералдичко друштво (Société d'Héraldique Serbe). Elle a une fonction purement consultative, pour aider et conseiller les demandeurs, mais n'a aucune autorité sur la création héraldique du pays. 
  En règle générale, les villes, villages ou districts de Serbie peuvent avoir jusqu'à quatre niveaux d'armoiries :  petites armoiries (écu simple) , moyennes armoiries, grandes armoiries et drapeau.
  Ces dispositions sont assez bien respectées dans les villes principales ou moyennes du pays et font de cet "arsenal" héraldique complet, un modèle du genre en Europe, qu'on aimerait voir développé ailleurs.
 

Je vous propose un historique plus détaillé du blason de Belgrade dans le bas de cette page.
 Le blason, sous sa forme actuelle, dite "écu en plastron ou polonais", a été commandé en 1931 par le biais d'un concours et un cahier des charges précis, par le maire de Belgrade du moment : Milan Nešić :
visuel graphique du site internet de la Ville
1. Le blason de Belgrade doit être en forme de bouclier, légèrement pointu en pointe.
2. Les éléments du blason seront : les couleurs nationales, une rivière - comme un symbole de puissance primordiale de Belgrade, une galère romaine (trirème) - comme un symbole de l'ancienneté de Belgrade, des murs blancs avec une tour et une porte ouverte - Les murs représentent la fondation, la tour représente la ville, et la porte ouverte représente la libre communication.

3. Le sol entre les rivières et les murs sera rouge, comme un symbole de sang, pour la souffrance éternelle de Belgrade; les rivières seront blanches selon les lois de l'héraldique; les murs et la tour seront blancs, comme un symbole de la «ville blanche» (Le nom de Belgrade - Beograd signifie littéralement «la ville blanche»); le ciel est bleu, comme un symbole de foi et d'espoir pour un avenir meilleur.
source textes : site de la ville / http://www.beograd.rs

 La proposition gagnante a été soumise par l'artiste peintre serbe Đorđe Andrejevic Kun, également auteur des emblèmes de la Yougoslavie après 1945.
Les armoiries sous cet aspect sont restées en utilisation continue jusqu'à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Pendant la période de la Fédération yougoslave communiste, de 1945 à 1991, quelques modifications ont été apportées sans pour autant gravement dénaturer le blason de 1931 (voir plus bas). Mais rabaissé au statut d'emblème, et en l'absence de dispositions prises pour réglementer son utilisation, il tiendra davantage du logo pendant toutes les années précédant l'éclatement de la Yougoslavie en 1991.

L'utilisation des armoiries de Belgrade rétablies depuis dans leur aspect initial, a été modifiée et réglementée en 2003 :

• Petites armoiries :
Le blason reprend le dessin issu de la conception originale par Đorđe Andrejevic Kun. Il se compose d'un écu simple.



• Moyennes armoiries :
  Les moyennes armoiries sont identiques aux petites, mais avec l'ajout d'une couronne murale d'or placée en timbre. La couronne dispose de cinq merlons / quatre créneaux, et un diadème avec cinq gemmes. Selon les normes de la Société d'Héraldique serbe, cette couronne murale avec cinq éléments n'appartient qu'à la capitale, et le diadème avec les joyaux appartient aux capitales historiques.

• Grandes armoiries :

 Les plus grandes armoiries se composent d'un aigle bicéphale d'argent, avec des serres et un bec d'or, serrant l'une une épée d'argent garnie d'or, l'autre un rameau d'olivier de sinople. L'aigle est un symbole de l’État serbe, et est compatible avec le blason national de la Serbie. Sur la poitrine de l'aigle sont les armoiries de Belgrade, qui conforte son statut de capitale, et au-dessus des têtes de l'aigle est placée la couronne murale des moyennes armoiries. L'aigle est soutenue par deux branches de chêne d'or, qui représentent les vertus civiques, et sur le point où elles se croisent sont fixées les premières armoiries connues de Belgrade, qui résument l'histoire héraldique de la ville. L'épée et la branche d'olivier illustrent la faculté d'être prêt au combat pour se défendre, et à coopérer dans la paix. Brochant sur les branches de chêne sont disposées des décorations données à Belgrade, dans leurs couleurs naturelles, et avec des rubans appropriés. Ils représentent le passé glorieux et les mérites des citoyens de Belgrade.



Ancien blason attribué à Belgrade
 devenu le blason du "vieux Belgrade"
(actuelle municipalité de Stari Grad)
vignette des albums Cafés Hag - 1939

Croix de la Légion d'Honneur
Ordre de l'étoile de
Karageorge,
Ordre du Héros national,
Croix de guerre tchécoslovaque



Les quatre médailles sont:    
  1.    la Légion d'honneur, fondée le 19 mai 1802, par Napoléon Bonaparte, qui est la plus haute décoration de la France. Elle a été attribuée à Belgrade en 1920, par Louis Franchet d'Esperey, maréchal français, et duc d'honneur de l'armée serbe. Seules quatre villes hors de France ont reçu cette médaille: Belgrade, Liège, Luxembourg et Stalingrad. Elle a été décernée à Belgrade en reconnaissance de la défense glorieuse de la ville au cours de la Première Guerre mondiale
  2.   Ordre de l'étoile de Karađorđe (Karageorge), décernée à Belgrade le 18 mai 1939. L'ordre a été fondé avec quatre grades par le roi Petar I (Pierre 1er) de Serbie le 1er Janvier 1904.
  3.  Ordre du Héros national, décernée à Belgrade le 20 Octobre 1974.
  4.   Croix de guerre tchécoslovaque, décerné à Belgrade le 8 Octobre 1925, instituée par le gouvernement tchécoslovaque. Elle a été donnée pour le courage, et la détermination dans la lutte contre l'ennemi pendant la Première Guerre mondiale.

• Drapeau :
C'est une bannière aux armes de Belgrade, de forme parfaitement carrée.

        


cliquer sur le lien ci-dessous pour lire la suite :





26 - Belgrade


Belgrade,  Београд (Beograd), qui signifie "la  ville blanche" en serbe,est la capitale de la Serbie.

Population  :  1 233 796  hab. (estimation 2011) ; agglomération : 1 659 440 hab. (2011)

 Située au confluent du Danube et de la Save, Belgrade jouit d’une position géographique stratégique. Gardienne de la péninsule Balkanique et porte de l’Europe centrale, elle est située à l’intersection des routes qui relient l’Europe de l’Est à l’Europe de l’Ouest et qui mènent, le long du couloir de la Morava, aux rives de la mer Égée. Belgrade est en outre sur la voie fluviale reliant la mer du Nord à la mer Noire.
  Au cœur d'une région minière recelant des gisements de charbon et de plomb, Belgrade est un centre industriel : constructions mécaniques, équipements électriques, industries chimiques, pharmaceutiques, alimentaires et textiles. Nœud routier et ferroviaire, la ville est également un centre commercial important, doté d’un port fluvial actif et d’un aéroport international.
  La ville de Belgrade est dominée par le promontoire de Kalemegdan, qui, juste au-dessus de la jonction du Danube et de la Save, est en grande partie occupé par une forteresse érigée dès l’époque romaine ; aucune fortification originale ne subsiste, les fortifications actuelles ayant été bâties par les Autrichiens au début du XVIIIe siècle. Maintes fois détruite au cours des siècles, jusqu’aux importantes destructions dues aux bombardements de l’OTAN de 1999, Belgrade possède peu de monuments anciens. La vieille ville, qui s’anime autour du quartier de Terazije et de la place de la République, abrite la cathédrale orthodoxe de style baroque (milieu du XIXe siècle) et le patriarcat (1934-1935) — Belgrade est en effet le siège du patriarcat orthodoxe serbe. Après la Seconde Guerre mondiale, la ville s’est étendue sur la rive gauche de la Save pour former le quartier de Novi Beograd (la « nouvelle Belgrade ») ; on y trouve des zones résidentielles modernes, des complexes industriels et des bâtiments universitaires et officiels.
la vieille ville de Belgrade (Stari Grad)  au bord du Danube
 Fondée par les Celtes au IIIe siècle av. J.-C., puis place forte romaine sous le nom de Singidunum, la ville subit les invasions barbares (Huns, Sarmates, Goths) et passe finalement sous domination byzantine. En raison de sa position stratégique sur la route reliant Constantinople à Vienne, elle est, pendant tout le Moyen Âge, l'enjeu de luttes d'autant plus vives que, située sur un promontoire, elle offre un point d'accès au Danube. Du XIIe au début du XVIe siècle, elle passe tour à tour entre les mains des Byzantins, des Bulgares, des Serbes et des Hongrois.
  Les Turcs font la conquête de la ville en 1521 et la baptisent Darol-i-Jehad (« la maison des guerres de la foi »). À partir de 1688, les Autrichiens et les Serbes ne cessent de se disputer la cité. Au début du XIXe siècle, les nationalistes serbes se révoltent contre l'occupant et obtiennent après plusieurs décennies de luttes, la réinstallation et l'autonomie d'une Principauté de Serbie, dont Belgrade devient la capitale à partir de 1838. En 1867, la dernière garnison turque finit par évacuer Belgrade, qui perd peu à peu son allure orientale. En 1882, la Serbie devient un Royaume indépendant. Pendant la Première Guerre mondiale, les troupes autrichiennes occupent la ville à deux reprises.
  En 1919, Belgrade devient la capitale du nouveau royaume des Serbes, des Croates et des Slovènes, rebaptisé royaume de Yougoslavie en 1929. Les troupes allemandes l'occupent pendant presque toute la Seconde Guerre mondiale. Libérée par les partisans de Tito en octobre 1944, Belgrade est choisie comme capitale de la nouvelle Yougoslavie communiste et fait l’objet, comme l'ensemble du pays, des profondes transformations induites par le régime. À l’issue de l’éclatement de la République socialiste fédérative de Yougoslavie, la ville devient la capitale de la République fédérale formée en 1992 par la Serbie et le Monténégro. Elle subit, en 1999, les bombardements menés par l’OTAN lors de la crise du Kosovo.  Elle n'est plus, à la suite de l'indépendance du Monténégro en 2006, que la capitale de la seule République de Serbie.



Le blason de Belgrade, une existence virtuelle pendant cinq siècles :
Timbre de Yougoslavie émis en 1952 reprenant une gravure ancienne et
montrant la ville médiévale fortifiée avant sa destruction par les Ottomans.
Les armoiries sont celles de 1945, surmontées de l'étoile rouge communiste.
le sceau du XVe siècle de la ville
 reconstitué (c'est le mot en serbe inscrit dessous)
 par un dessinateur nommé Milos Ćirić.
L'inscription en cyrillique est orthographiée :
 ГРАДЪ БЕЛИГРАД (GRAD BELIGRAD)
  Durant la période médiévale, la Serbie était une principauté, érigée en Royaume et même en Empire indépendant à une certaine époque (XIIIe/XIVe s.). Puis en 1371 le royaume sera éclaté en plusieurs principautés. L'une d'elle sera dirigée par le Prince "Despote" (c'est son titre) Stefan Lazarević de 1389 à 1427 qui fera de Belgrade sa capitale en 1403. C'est à ce moment que selon un chroniqueur et biographe du nom Constantin de Kostenetse, relaté dans son livre "La vie du despote Stefan Lazarevic",un premier sceau aurait été accordé à la ville de Belgrade, mais il n'a pas été déterminé avec certitude à quoi il ressemblait. On pense qu'il s'agissait d'une représentation des fortifications de la ville, une image classique à l'époque, pour un grand nombre de cités ayant obtenu le statut de "ville",  indépendantes du pouvoir du seigneur ou du monarque local.  
  La ville fortifiée de Belgrade, dernier rempart contre l'Empire ottoman en pleine expansion en direction du Nord : le Royaume de Hongrie et Vienne, finira par capituler après plusieurs sièges. Elle sera prise et rasée par les turcs en 1521. Elle va demeurer sous gouvernement turc pendant 150 ans. Reconstruite, elle va redevenir  florissante, et prendra un aspect oriental, et au XVIIe siècle elle sera même la seconde ville en importance de l'Empire ottoman, derrière Istanbul. Pendant toute cette période d'occupation, la ville n'aura plus officiellement de symbole particulier, les turcs n'en utilisant pas, hormis ceux du pouvoir central et du commandement militaire.
 Néanmoins, les armoriaux manuscrits élaborés dans les royaumes et principautés voisins, lui attribuent des armoiries qui sont parmi les plus anciennes connues, comme par exemple la Hongrie en 1555 (voir ci-dessous, à gauche).
 
blason de Belgrade, gravure, détail
 Fugersko Ogledalo Casti (Hongrie - 1555)

blason de Belgrade, enluminure, Armorial de Valvasor (1687/1688)
détail du folio 302, dans la partie consacrée aux villes de l'Empire

 Cet écu : "coupé crénelé de gueules et d'argent, avec une tour sommant le merlon central accompagnée de deux croix patriarcales du même émail sur les deux autres merlons, et deux fasces de gueules en pointe", ces dernières rappelant le blason ancien de la Hongrie, ont été réintroduites dans les emblèmes de la municipalité de Stari Grad (qui signifie : la Vieille Ville) de Belgrade, au XXe siècle, comme nous l'avons déjà évoqué plus haut. La ville de Belgrade a donc la particularité de voir se côtoyer aujourd'hui son blason ancien et son blason moderne dans les quartiers de l'ancienne cité.
grandes armoiries de la municipalité actuelle de Stari Grad, à Belgrade
le drapeau de gauche se réfère au chef-lieu de district : la Ville de Belgrade
qui est composée de 17 municipalités (comme les arrondissements à Paris) .

proposition d'armoiries pour
Belgrade en 1895 : effigie
 de Saint Sava, premier
archevêque de la Serbie
  Au cours du XIXe siècle, lorsque la domination turque se détricote lentement, sous l'influence et l'action du nationalisme serbe, la ville de Belgrade ne possède toujours pas d'emblème officiel spécifique. Pourtant elle est devenue la nouvelle capitale de la Principauté autonome de Serbie en 1838. Cette situation perdure encore quand la Serbie devient un Royaume indépendant en 1882 et ce jusque en 1918. Les services de la ville utilisent les armoiries nationales sur les actes municipaux. 

 A un moment donné, les grands dictionnaires encyclopédiques européens de la fin du XIXe /début XXe siècles ( Meyers, Brockaus, Britannica, Larousse, etc..) très en vogue dans les milieux intellectuels et aisés, ont cherché à combler l'absence d'armoiries de certaines grandes villes par des illustrations héraldiques purement apocryphes (voir Athènes).   
 La ville de Belgrade s'est dont vu attribué des blasons avec tours donjonnées ou des châteaux, sur un mont, illustrant l'origine militaire et topographique du site. C'est le cas par exemple pour les éditions allemandes du Brockhaus Conversations Lexikon.

blason attribué à Belgrade chez Brockhaus' Kleines Konversations-Lexikon (1911)
projet de 1914 dont il n'existe pas de dessin,
reconstitué par le dessinateur  Milos Ćirić.

la tour Nebojsa sur le site de la forteresse de Kalemegdan 
 Ce n'est qu'en 1914, qu'un projet d'armoiries municipales est soumis : 
(traduction de la description originale en serbe)
 "Le blason de la Municipalitéde Belgrade se compose de deux parties: les2/5inférieurs et 3/5supérieursde l'ensembledes armoiries terminées par une pointe en arc brisé. Dans la partie inférieurenous voyons lesmurs du châteauromain deSingidunum, età ses pieds,sur la rivière, une nef romaine(trirème), avec des voileslatines.  Dansle champ supérieur : la tour Kula Nebojša située dans la ville basse, sous sa forme datant du Moyen Age, surmontée par une aigle blanche àdeux têtes sans couronne, entourée derayonslumineux surtous les côtés."
  Mais le déclenchement de la Première Guerre Mondiale va renvoyer ce projet aux oubliettes.

source info et images : http://www.heraldikasrbija.rs/sr-4/

Le blason de Belgrade : date de naissance officielle, en 1931.

le modèle gagnant de 1931 avant retouches,
reconstitué par le dessinateur  Milos Ćirić.
le blason définitif (actuel)
 Et donc nous en arrivons au concours de 1931 lancé par le maire de Belgrade, Milan Nešić, avec les instructions énumérées au début de ce sujet. C'est Đorđe Andrejevic Kun qui a remporté la compétition face à 56 autres propositions. Et après quelques petites retouches imposées par le jury d'évaluation, le blason a été adopté en délibération du Conseil municipal le 10 décembre 1931, confirmé par le Ministère de l'Intérieur du Royaume de Yougoslavie le 15 décembre 1931. 
 Enfin, une des dernières grandes capitales européennes de l'époque possède ses armoiries !
 le blason de Belgrade 
vignette des albums Cafés Hag - 1939
 le blason de Belgrade - dessin de Jiri Louda
"les Blasons des villes d'Europe (1972)
écusson plastifié, cadeau publicitaire de la
marque Danone (années '70)

 le blason de Belgrade
version communiste  - 1945
le dessin original est encore respecté;
seul rajout : l'étoile rouge (de Belgrade)*

(*) les amateurs de foot auront reconnu l'allusion
 Et puis la Seconde Guerre mondiale survient, la Yougoslavie est envahie en 1941 et occupée par l'Allemagne nazie. Elle sera libérée par elle-même, en 1944/1945, malgré les dissensions ethniques et nationalistes internes, déjà fortes, par les forces communistes intérieures dirigées par Josip Broz dit "Tito". Le pays restera uni dans le communisme avec cet homme, sous l'appellation de "République fédérative socialiste de Yougoslavie", tout en gardant une certaine distance avec Moscou, jusqu'en 1991. 
  Dès 1945, notre tout jeune blason de Belgrade, qui est toujours la capitale du nouveau régime, va subir quelques modifications et même disons-le : altérations, sans qu'aucune validation n'ait été transcrite sur des documents officiels. L'héraldique des états communistes ne bénéficiait pas vraiment de cadre réglementaire. Il s'en suit une succession d'emblèmes (on n'ose plus parler d'armoiries) passés à la moulinette de la mode graphique du moment ! Première altération : la forme de l'écu, qui passe au modèle arrondi de type espagnol, mais en plus allongé. 



 La philatélie et les objets de collection nous aident dans l'appréciation du phénomène.

la statue du "Vainqueur", allégorie  du sculpteur
Ivan Meštrović (1883-1962), posée
sur une colonne dominant la forteresse de Belgrade



armoiries parues dans "le Grand Livre de
 l'Héraldique" d'Ottfried Neubecker (1977)
la caution malheureuse du maître !
blason de Belgrade en 1960
Réunion de la Conférence pour la Sécurité et la Coopération Européenne à Belgrade en 1977 ( bloc-feuillet de Hongrie)
célébration du 40e anniversaire de la libération de Belgrade en 1984

le blason de Belgrade en 1990



Le blason de Belgrade restauré en 1991  

  La Yougoslavie vient d'éclater, la Slovénie, la Croatie ont déclaré leur indépendance et provoqué la guerre avec le bloc serbe, qui va s'intensifier avec le problème de la Bosnie-Herzégovine. Mais le nom de Yougoslavie demeure encore pour quelques années. L'Assemblée de la ville de Belgrade désigne un groupe de travail pour statuer sur le sort du blason de Belgrade, malmené pendant la période communiste 1945/1990. Finalement, après quelques propositions rejetées pour modifier à nouveau le dessin, le blason de 1931 est restauré dans son état initial. Il fera l'objet de déclinaisons en moyennes et grandes armoiries, ainsi qu'un drapeau municipal (voir au début du sujet), dont l'utilisation de toutes ses formes est codifiée dans le Journal Officiel en 2003. Une charte graphique est disponible sur le site internet de la ville pour ceux qui veulent utiliser les armes de la ville, quels que soit le support : physique ou électronique, et qui lisent le serbe ! ( voir ici → )

le blason et le nom de Belgrade en bordure d'une autoroute urbaine.



le drapeau de la Ville de Belgrade flotte au sommet du site de la Forteresse de  Kalemegdan
emblème de l'Université de Belgrade
Émission philatélique pour le 70e anniversaire de la Libération de Belgrade en 2014
Club de football : OFK Belgrade
dont le logo réutilise le blason de la ville




Exceptionnellement, il y aura un deuxième volet à ce dossier.. En effet, nous l'avons entraperçu avec les armoiries de Stari Grad (la Vieille Ville), la ville de Belgrade est composée de 17 entités administratives appelées "municipalités" et toutes sont pourvues de magnifiques armoiries qu'il serait dommage de ne pas vous montrer ...



Belgrade, ailleurs :
Le titre peut paraître étrange, mais cela s'explique. En effet le nom de la ville de Belgrade a été donné en hommage par les pionniers qui les ont fondées, à plusieurs villes ou localités en Amérique du Nord et plus particulièrement aux U.S.A. 
source info : https://serbiathroughamericaneyes.wordpress.com/2012/06/16/belgrade-usa-how-many-exist-2/

Belgrade, Montana
Belgrade, Minnesota



Belgrade, Maine
Belgrade, Nebraska
Belgrade Lakes, Maine
Belgrade et sa voisine...  Amsterdam, Missouri
Belgrade, Texas, village abandonné après la Guerre de Sécession

Et il y a encore une ville portant aussi le nom de Belgrade, en Caroline du Nord ...




capitaleprécédente →   Basseterre
capitalesuivante     →     Belgrade II (municipalités)



 













Bonus track :

Pour les curieux, voici quelques-unes des propositions non retenues par la Commission d'évaluation de la ville de Belgrade, en 1931. Et vous, vous auriez choisi lequel ?
 source info et images : http://www.heraldikasrbija.rs/sr-4/




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